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Le temps file différemment sur Mars, et ce n’est pas qu’un détail : pourquoi cette découverte change tout ?

Et si une simple seconde ne voulait plus dire la même chose dès qu’on quitte la Terre ? Des chercheurs viennent de confirmer que le temps s’écoule différemment sur Mars, et cela pourrait tout bouleverser, des communications aux futures bases martiennes.

Illustration de Mars sur son orbite elliptique autour du Soleil, mettant en évidence l’influence gravitationnelle sur l’écoulement du temps.
Mars évolue sur une orbite elliptique qui modifie subtilement l’influence gravitationnelle qu’elle subit, entraînant un léger décalage dans le rythme du temps par rapport à la Terre – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Sur Mars, la gravité plus faible et une orbite irrégulière modifient littéralement le rythme du temps

C’est un vieux concept, mais toujours aussi vertigineux : le temps n’est pas une constante universelle. Selon la théorie de la relativité générale d’Einstein, la gravité influence le passage du temps. En clair, plus la gravité est forte, plus le temps ralentit. Et inversement. Or, la gravité sur Mars est bien plus faible que sur Terre. Résultat ? Les horloges y battent légèrement plus vite.

Mais ce n’est pas tout : la trajectoire de Mars autour du Soleil est plus elliptique que celle de la Terre, ce qui signifie que la force gravitationnelle qui agit sur la planète varie tout au long de son orbite. En bref, le temps martien n’avance pas de manière régulière. C’est cette subtilité que les physiciens ont réussi à mesurer avec une précision inédite.

Autrement dit, deux astronautes vivant sur Mars et sur Terre ne vivraient pas tout à fait la même durée pour un même événement. Même si l’écart semble minuscule, il est bien réel. Et dans un futur où la précision sera la clé de la communication interplanétaire, ce genre de détail peut faire toute la différence.

Une avance quotidienne de 477 microsecondes : ce que nous apprend la première mesure précise du temps martien

Des chercheurs du National Institute of Standards and Technology (NIST) ont publié une étude clé dans The Astronomical Journal. Leur modèle intègre les effets gravitationnels du Soleil, de la Terre, de la Lune et des variations de l’orbite martienne. Verdict : une horloge posée sur Mars prend environ 477 microsecondes d’avance chaque jour par rapport à une horloge restée sur Terre.

Mais attention, ce chiffre est une moyenne. Selon la position de Mars dans son orbite, l’écart peut varier de plus de 200 microsecondes. Sur une journée, cela semble insignifiant. Mais sur plusieurs décennies, l’effet devient mesurable à l’échelle humaine. En cinquante ans, un habitant martien vieillirait d’environ neuf secondes de plus qu’un Terrien. Pas de quoi bouleverser nos vies… sauf quand il s’agit de missions spatiales.

Navigation, synchronisation, autonomie : pourquoi ces écarts temporels vont devenir un casse-tête technologique

Prenons un exemple très concret : le GPS. Sur Terre, il fonctionne grâce à une synchronisation au dixième de microseconde. Imaginez maintenant la complexité d’un réseau interplanétaire. Le moindre décalage peut perturber la navigation des rovers, les transmissions de données ou la coordination des missions.

Il est donc impératif de créer un système de référence temporel propre à Mars, mais aussi de savoir comment le synchroniser avec la Terre. Ce défi technique devient un enjeu stratégique pour toutes les agences spatiales. Comme le résume Bijunath Patla du NIST : « Le moment est venu pour la Lune et Mars ».

Créer une horloge martienne de référence : le défi logistique et philosophique des futures colonies humaines

Au-delà des sondes et satellites, se pose déjà la question du quotidien sur Mars. Si l’on installe des habitats permanents, comment fixer l’heure locale ? Quelle base choisir ? Faut-il un méridien martien ? Et surtout : quelle horloge utiliser pour que tout soit coordonné, des communications aux cycles biologiques ?

Cette étude ouvre la voie à une nouvelle conception du temps dans l’espace, où chaque planète devra peut-être avoir son propre référentiel. Une révolution aussi pratique que philosophique. Car oui, ce que nous appelons une seconde pourrait ne plus jamais être universel.

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le

Source: Science & Vie

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