Aller au contenu principal

Le jour où les Soviétiques ont compris que faire voler des chars jusqu’au champ de bataille n’était peut‑être pas une bonne idée

Entre audace technologique et absurdité militaire, les Soviétiques ont tenté de donner des ailes à leurs blindés. Spoiler : ça n’a pas décollé comme prévu. Dans l’espoir de révolutionner la guerre mécanisée, ils ont imaginé un char-planeur, trimbalé dans les airs, largué derrière les lignes ennemies. Résultat ? Une démonstration spectaculaire… mais sans lendemain.

— © Tempshill / Wikimedia Commons

Pourquoi les Soviétiques ont tenté l’impossible : amener un char sur le champ de bataille… par les airs

Dans les années 1930-1940, les stratèges soviétiques sont confrontés à un problème très concret : comment transporter rapidement un char léger jusqu’au cœur de l’action, sans le faire rouler sur des centaines de kilomètres au risque d’embuscades, de pannes ou d’un retard stratégique ?

La solution semble venir du ciel. D’abord, les ingénieurs testent une méthode peu orthodoxe : suspendre des chars ultra-légers (comme le T-27) sous de gigantesques bombardiers Tupolev TB-3. Mais le résultat est loin d’être satisfaisant : les avions sont trop vulnérables, les chars trop peu efficaces, et les équipages parachutés séparément risquent d’arriver trop tard… ou pas du tout.

C’est alors qu’une idée encore plus folle voit le jour : transformer le char lui-même en planeur. Littéralement. Avec des ailes et une queue.

L’Antonov A-40, ou quand un char se prend pour un avion

En 1942, les ingénieurs soviétiques donnent naissance à un engin improbable : l’Antonov A-40 Krylya Tanka. Un T-60 allégé au maximum, équipé d’une paire d’ailes en bois de 18 mètres d’envergure et d’une queue stabilisatrice. L’ensemble est conçu pour être remorqué par un bombardier, largué en vol, puis plané jusqu’au champ de bataille.

Le test a lieu en septembre 1942. L’avion tracteur, un TB-3, peine à garder de la vitesse. Le char-planeur est largué plus tôt que prévu. Contre toute attente, le pilote – Sergei Anokhin – parvient à le poser en douceur dans un champ. Il détache ensuite les ailes, démarre le moteur, et retourne à la base par la route. L’essai est techniquement réussi… mais militairement inutile.

Le système est bien trop contraignant. Le char doit être vidé de presque tout : peu de munitions, peu de carburant, et aucune protection sérieuse. Pire : les bombardiers capables de tracter un tel engin manquent cruellement. L’expérience est donc abandonnée après ce seul vol.

Pourquoi les chars volants n’ont jamais vraiment pris leur envol (et ce qu’on en retient aujourd’hui)

Les Soviétiques ne sont pas les seuls à s’être essayés à ce genre de folies. Le Royaume-Uni a lui aussi tenté de faire voler des chars légers, sans grand succès. Le Japon, idem. Dans tous les cas, le manque d’aérodynamisme, le poids et la vulnérabilité des engins posent problème.

Mais ces tentatives témoignent d’un moment très particulier de l’histoire : celui où l’innovation militaire allait parfois plus vite que la logique opérationnelle. Ces projets farfelus illustrent aussi la brutalité du contexte : quand tout est bon pour prendre l’ennemi de vitesse… quitte à faire voler un blindé.

Aujourd’hui, l’A-40 reste un objet fascinant d’histoire technique. Il est l’unique exemple de “char planeur” ayant réellement volé. Et si l’expérience fut un échec, elle a marqué les esprits par sa démesure et son ambition.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Catégories: , ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *