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Le dernier porte-avions chinois franchit un cap technologique inédit, mais reste freiné par le manque de combats réels

Un nouveau géant flotte dans les eaux de la mer de Chine. Le Fujian, troisième porte-avions chinois, vient d’entrer officiellement en service. Son innovation phare : un système de catapultes électromagnétiques, une technologie que seuls les États-Unis maîtrisaient jusqu’alors. Cette avancée propulse la marine chinoise dans une nouvelle ère, mais pose aussi la question de l’efficacité réelle en situation de combat.

Porte-avions chinois naviguant en mer, avec plusieurs avions de chasse sur le pont d’envol, illustrant les progrès technologiques de la marine chinoise.
Le dernier porte-avions chinois représente une avancée majeure pour la marine du pays, combinant puissance de feu, innovations technologiques et projection de force à grande distance © DailyGeekShow / Image d’illustration

Le Fujian inaugure une technologie de catapultage de pointe, encore réservée aux États-Unis

Jusqu’ici, les deux premiers porte-avions chinois, le Liaoning et le Shandong, utilisaient une rampe en « tremplin » limitant le décollage des avions embarqués. Résultat : des appareils moins chargés, au rayon d’action réduit. Le Fujian change la donne. Grâce à ses catapultes électromagnétiques (EMALS), il peut lancer des avions plus lourds, plus armés et plus loin. C’est une rupture technologique majeure.

Ce système, testé pour la première fois par les États-Unis sur le porte-avions Gerald R. Ford, permet un décollage plus souple, rapide et précis. Lors de la cérémonie d’inauguration sur l’île de Hainan, Xi Jinping a personnellement inspecté le bâtiment. Une façon de souligner son importance dans le dispositif stratégique de Pékin.

Un porte-avions plus grand et plus puissant, mais encore sans retour d’expérience en combat

Le Fujian est impressionnant : il est plus grand, plus avancé, mais toujours à propulsion conventionnelle (et non nucléaire). Il symbolise la volonté de Pékin de rivaliser avec les États-Unis. Mais plusieurs spécialistes tempèrent cet enthousiasme. Collin Koh, expert en stratégie navale basé à Singapour, rappelle que la Chine manque d’expérience opérationnelle, en particulier en situation de combat réel.

Selon Alex Luck, expert des systèmes d’armement, le Fujian ne devrait pas encore bouleverser l’équilibre des forces. Il servira surtout à la formation, aux essais, et à la mise au point des prochains porte-avions. L’absence de missions à longue distance reste un frein majeur à la projection de puissance.

Une modernisation accélérée qui inquiète les États-Unis et les voisins asiatiques

Depuis plusieurs années, la Chine intensifie la modernisation de ses forces armées. Les passages de ses porte-avions près de Taïwan ou dans des zones disputées de la mer de Chine méridionale inquiètent fortement Washington et ses alliés. Même si la doctrine officielle reste « défensive », le rythme des déploiements intrigue.

CCTV, la télévision d’État, a diffusé des images de chasseurs J-35 (furtifs de 5e génération) décollant du Fujian, suscitant fierté nationale et attention internationale. Pourtant, aucune opération d’envergure n’a encore été menée par le navire.

Les experts s’accordent : le Fujian marque une étape-clé de la montée en puissance navale chinoise, mais n’est pas encore un « game changeur« . Il faudra encore du temps, des tests, et possiblement un quatrième porte-avions, déjà en rumeur pour les années 2030, pour atteindre une véritable parité stratégique avec les États-Unis.

Le Fujian, symbole d’ambition technologique mais encore limité par le manque de missions réelles

Le Fujian illustre un paradoxe chinois : des capacités techniques de haut niveau, mais peu d’occasions de les mettre à l’épreuve. Sans expérience concrète de conflits, la performance reste théorique. Pour Pékin, il s’agit d’un investissement à long terme, destiné à former ses équipages, tester ses innovations et préparer l’avenir.

Avec cette mise en service, la Chine montre ses muscles. Mais pour vraiment changer la donne, il faudra plus qu’un navire avancé : il faudra le roder, le tester, l’exposer au réel.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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  • Depuis longtemps, le média français parle tout le temps que la marine chinoise manque d’expérience, ces idiots journalistes français savaient pas que la marine usa manque d’expérience avant 1941, face aux japonais, pourtant c’était les américains ont gagné la guerre de l’océan pacifique.

    • Nos journalistes ont bien raison : l’expérience opérationnelle est un élément fondamental des capacités réelles d’une Force Aéronavale.
      La Grande Bretagne est restée plusieurs années sans porte-avions, puis en na construit deux, hélas pour elle à propulsion classique, ce qui limite ses possibilités. Malgré l’aide précieuse de la Marine Américaine, il lui a fallu plusieurs années pour retrouver un niveau opérationnel acceptable pour participer aux exercices de l’OTAN.
      L’entrainement des pilotes est certes important, mais celui des états-majors (celui de la Force Navale, mais aussi celui du FAAWC(Force Anti Air Warfare commander) sont fondamentaux.

    • Merci RGA, nous verrons pour trouver une image pour compléter l’article. Je vous remercie pour votre commentaire

  • jusqu’à preuve du contraire les USA sont experts dans l’utilisation des porte – avions .Près de
    90 ans d’expérience , l’exploitation de 80 PA lors de la 2 ième guerre mondiale , l’actuelle flotte de 11 gros PA, une grande expérience de l’emploi de l ‘aviation embarquée ( Corée , Vietnam , Irak ,) en font une arme redoutable .

  • Bonjour au journaliste Éric Radixxx
    Votre expression « changeur de jeu » issue de « game changer »une aberration en français puisqu’un changeur de jeu serait plutôt quelqu’un qui truque ou falsifié ou encore,un échangiste en délire qui veut modifier les pratiques …

    • Merci Gaston pour votre message, nous venons d’y appliquer la modification, une erreur de notre part.Nous ferons attention les prochaines fois sur ces expressions.

  • Les porte avions de L’O.T.A.N aussi n’ont pas d’expérience réelle au combat, si vous considérez que frapper des états faibles comme lirak et l’Afghanistan ça ce n’est pas une expérience avérée au combat, il faut faire la guerre avec les chinois et les russes, là votre expérience sera valorisée.