Une équipe internationale de scientifiques a récemment établi la fonction de l’étrange structure thoracique, hérissée de minuscules cils, observée chez différentes espèces de mantes religieuses, dont Kongobatha diademata.
Le « gustifolium »
Les chercheurs avaient déjà remarqué que certaines espèces de mantes religieuses possédaient une excroissance circulaire au niveau du thorax. Récemment, Josh Martin, du Colby College, et ses collègues ont examiné de plus près cette bizarrerie anatomique chez différents spécimens australiens, en s’appuyant notamment sur la microscopie à rayons X.
Pré-publiés sur le serveur bioRxiv, leurs travaux ont montré que ce « gustifolium », sans équivalent chez les insectes prédateurs, était garni de 14 à 25 structures semblables à des cils, et renfermait de nombreuses cellules nerveuses.
Des expériences complémentaires ont révélé que l’activité électrique des neurones augmentait significativement lorsque l’organe était exposé aux composés libérés dans l’air par les plantes. Ce qui indique que ces cils remplissent la même fonction que ceux qui recouvrent les pattes et les pièces buccales d’autres insectes, agissant comme des « capteurs de goût ».
Un organe sensoriel essentiel
Selon les auteurs de la nouvelle étude, plusieurs espèces de mantes religieuses d’Asie et d’Australie possédant un gustifolium sont connues pour passer une grande partie de leur temps accrochées aux feuilles de différentes espèces de végétaux.
« Elles s’en servent comme perchoir, comme tremplin et y chassent également », explique Martin. « L’évolution d’un organe sensoriel unique et spécialisé, qui leur indique probablement le type de feuille sur laquelle elles se trouvent et la ou les fonctions qu’elle peut remplir, constitue un événement majeur pour un organisme. »
« Si le lien entre les mantes religieuses et leur feuillage favori varie selon les espèces, la disparition des plantes hôtes due à la déforestation ou à d’autres modifications de l’habitat pourrait avoir un impact massif sur ces dernières », commente Roberto Battiston, du musée d’archéologie et de sciences naturelles G. Zannato.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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