Une femme peut-elle jongler entre ménage, enfants, courses tout en jouant de l’arme blanche et en restant divinement sexy ? Lady Killer, du haut de ses talons et les ongles vernis, le démontre : jouant sur le cliché de la femme au foyer de l’Amérique des années 60, elle fait verser le sang sans aucun scrupule. Retour sur cette héroïne et son œuvre détonnante !
Josie Schuller est l’archétype de l’Américaine, de la femme au foyer, des années 60. Toujours tirée à quatre épingles, c’est une fée du logis attentive à ses enfants et dévouée à son époux, dont elle supporte l’horrible mère acariâtre et intrusive. Mais tout cela n’est que la partie visible de l’iceberg car Josie est aussi une Lady Killer ! Entre ses bons petits plats, la belle est en effet très occupée à zigouiller avec classe et efficacité. Depuis une quinzaine d’années, Josie est l’une des tueuses à gages les plus fiables de l’agence.
Le problème ne vient pas d’une perte de contrôle de sa petite vie rangée car là, madame Schuller gère ! C’est au boulot que la belle a des ennuis, on la soupçonne d’usure, de manque de niaque. Même si Josie est une tueuse sans scrupule, elle est aussi une mère et c’est ce qui va la perdre ! Souhaitant se débarrasser de cette recrue, son commanditaire lui confie une mission, avec la certitude qu’elle va flancher. La belle Josie va tomber sur un os, un petit garçon, celui qu’elle doit éliminer. Pour reprendre sa liberté, madame va devoir salir ses mains bien manucurées et sa belle robe. Une fois de plus.
Lady Killer est la première série personnelle dessinée mais aussi écrite par Joëlle Jones avec Jamie S. Rich. Dessinatrice reconnue comme l’une des plus douées de sa génération, Joëlle Jones travaille avec le scénariste et éditeur depuis 12 Reasons Why I Love Her, en 2006. Elle le retrouve trois ans plus tard pour You Have Killed Me. Avec Lady Killer, le tandem est nommé aux prestigieux Eisner Awards [remis le 22/07 pendant le Comic Con de San Diego] dans la catégorie « série courte ».
Après ses études d’art, bien que fauchée, Joëlle Jones n’a qu’une idée : entrer dans le milieu du comics. Elle en a toujours rêvé, elle prépare quelques pages et tente sa chance. Après avoir participé à plusieurs types de comics, elle décroche Lady Killer en 2015 et y appose sa patte sexy et vintage. Il faut dire que l’artiste a fait ses armes dans des comics très variés, commençant par dessiner pour Punisher !
Elle s’est ensuite penchée sur le cas graphique de super-héros tels que Superman. Elle a croqué du viking dans la série Helheim (Oni Press) et Brides of Helheim (Oni Press), participé au retour de l’agent Mockingbird, un one shot publié par Marvel en 2015 pour les 50 ans du S.H.I.E.L.D. Joëlle Jones comme son héroïne Josie verse aussi dans le sanglant, façon comics, s’entend ! On lui doit notamment certaines des superbes couvertures de la série Madame Frankenstein, dessinée avec Megan Levens et écrite par Jamie S. Rich (7 tomes, publiés chez Image Comics) qui n’a pas encore eu les honneurs d’une traduction.
Avec Lady Killer, le lecteur plonge dans les années soixante et ses tenues vintage. La dessinatrice transmet son plaisir en offrant un graphisme très classe. Lady Killer marie avec justesse un style rétro à la Mad Men, une violence cynique et très sanglante d’un Kill Bill, le tout sur un air des Beach Boys !
Publié chez Darkhorse à l’origine en 5 comics, puis en 2 tomes (le second volet est à paraître le 3 août aux États-Unis), le 1er volume de Lady Killer est disponible chez Glénat. Pas de date officielle pour le second. Joëlle Jones va à nouveau poser ses crayons chez DC Comics et Marvel avant la fin de 2016.
Gageons que Mrs Jones poursuivra avec délice les aventures de Lady Killer, son sanglant double graphique, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Une héroïne forte et charismatique, un scénario prenant, une touche de gore et un brin amusante, voilà la recette parfaite d’une BD réussie qu’on ne saurait que trop vous recommander.
Par Emma Deleva, le
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