Un astrophotographe canadien, Ronald Brecher, a immortalisé une nébuleuse dont la forme évoque un requin géant dérivant dans l’espace. Située dans la constellation de Céphée, cette structure cosmique illustre la capacité de notre cerveau à voir des formes familières dans le chaos des étoiles.

La nébuleuse du Requin s’étend sur 15 années-lumière dans la constellation de Céphée
La « nébuleuse du Requin », également appelée LDN 1235, est un vaste nuage de gaz et de poussière interstellaire. Elle se situe à environ 650 années-lumière de la Terre et mesure près de 15 années-lumière de long.
Cette nébuleuse attire l’attention grâce à sa silhouette évocatrice. L’étoile HD 211300, de magnitude 6, forme « l’œil » du requin. Les nageoires dorsales et pectorales se dessinent dans la poussière sombre. De plus, la galaxie spirale PGC 67671 apparaît en arrière-plan, comme une proie cosmique derrière la nageoire du prédateur interstellaire.
L’astrophotographe Ronald Brecher a capturé l’image grâce à une patience extrême
Pour obtenir cette photo, Ronald Brecher a travaillé depuis son domicile de Guelph, au Canada, entre le 23 et le 30 juillet 2025. Il a utilisé une lunette Sky-Watcher Esprit 70 EDX et une caméra QHY367C Pro. Ses longues sessions d’exposition ont révélé les détails de cette nébuleuse sombre, malgré la lumière gênante du premier quartier de lune.
Ensuite, il a traité les données brutes avec le logiciel PixInsight. Ce travail a révélé bien plus qu’un simple nuage obscur. En effet, les zones bleutées visibles en haut et en bas correspondent à des nébuleuses par réflexion.

Ces nuages diffusent la lumière bleue des étoiles proches, créant des contrastes spectaculaires. Pour Brecher, « obtenir une galaxie bonus et quelques nébuleuses bleues, c’est la cerise sur le gâteau ».
Le rayonnement stellaire sculpte la forme du prédateur cosmique
Si cette nébuleuse ressemble à un squale, c’est grâce au rayonnement stellaire. Les étoiles massives sculptent le nuage par leur lumière énergétique et leurs vents stellaires.
Ainsi, elles modèlent ses contours en nageoires et en corps fuselé. La poussière sombre, produite dans l’atmosphère froide des géantes, agit comme une fumée condensée par la gravité. Elle crée ces formes spectaculaires que l’on admire aujourd’hui.
Le nuage contient aussi d’autres objets du ciel profond, comme la nébuleuse sombre de Lynds 1235 ou Van den Bergh 149 et 150. Ensemble, ils composent un complexe cosmique d’une beauté rare qui s’étend au cœur de la constellation de Céphée.
Par conséquent, ce « requin spatial » devient l’un des plus beaux exemples de nuages sombres mis en lumière par l’astrophotographie moderne.
La paréidolie explique pourquoi nous voyons un requin dans ce nuage interstellaire
Cette tendance à reconnaître des formes familières dans les nuages cosmiques porte un nom : la paréidolie. Ce mécanisme psychologique pousse notre cerveau à identifier des silhouettes connues dans des stimuli visuels aléatoires. Ainsi, il transforme spontanément ce nuage de gaz et de poussière en requin cosmique.
Au-delà de l’anecdote, cette photo illustre la puissance de l’astrophotographie moderne. Elle révèle des détails invisibles à l’œil nu et suscite l’émerveillement.
Grâce à la patience de passionnés comme Ronald Brecher, l’Univers se dévoile dans toute sa richesse. De plus, il nous rappelle que le ciel regorge de surprises… et parfois de formes qui nous rappellent étrangement la vie sur Terre.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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