Nous déplorons aujourd’hui la mort d’une mathématicienne de talent : Katherine Coleman Goble Johnson. Ce talent des mathématiques a révolutionné la NASA et a joué un rôle fondamental dans la course à l’espace qui opposa les États-Unis et l’URSS. Elle avait 101 ans.
UN TALENT PRÉCOCE ET EXCEPTIONNEL DÈS SON PLUS JEUNE ÂGE
Sa passion pour les chiffres et son talent très précoce pour les mathématiques l’emmenèrent très loin, jusqu’aux bureaux de la NASA. N’oublions pas qu’elle naquit dans une Amérique ségrégée, où le racisme était omniprésent. Son ascension en tant que femme noire est donc d’autant plus remarquable.
À l’âge de 10 ans seulement, elle entre au lycée et obtient son diplôme du secondaire à 14 ans. Elle rentre donc à l’université avec 4 ans d’avance. Admise à l’université d’État de Virginie-Occidentale, elle s’inscrit à tous les cours de mathématiques proposés. On lui rajoute même des cours, spécialement pour elle, et elle obtient son diplôme de mathématiques et de français avec “summa cum laude” (“avec la plus haute louange”) à l’âge de 18 ans.
Elle enseigne ensuite les mathématiques, puis intègre le programme de mathématiques de son ancienne université en tant que professeure. Elle s’aperçoit que l’enseignement est loin d’être la carrière dont elle rêve, c’est la raison pour laquelle elle se tourne vers une carrière de chercheuse, métier très difficile d’accès déjà pour une femme, et encore plus pour une femme afro-américaine.
UNE BRILLANTE CARRIÈRE À LA NACA
Elle rejoint donc la NACA (ancêtre de la NASA) en 1953, puisque l’organisme avait publié une annonce pour recruter des mathématiciens. À la NACA, elle fut employée en tant que “calculatrice humaine”, c’est-à-dire que son travail consistait à faire des calculs mathématiques très complexes, mais également des calculs permettant de réaliser les missions spatiales de façon optimale, qui furent de grands succès grâce à elle. Elle fut la première femme à être considérée comme l’auteur d’un rapport de recherche en Flight Research Division, pour son travail sur la « Détermination de l’azimut de lancement pour faire passer l’orbite d’un satellite au-dessus d’un point de la Terre déterminé ».
Comme nous le savons donc maintenant, elle eut ensuite un impact immense sur le monde mathématique, mais également dans la course à l’espace : c’est en partie grâce à elle que de nombreuses missions spatiales américaines ont pu être réalisées, et particulièrement la plus célèbre d’entre elles, Apollo 11, qui vit l’homme se poser sur la Lune. Malheureusement, son travail demeura inconnu du grand public jusqu’en 2016, date de publication du livre de Margot Lee Shetterly Les Figures de l’ombre, à l’origine du film éponyme où Taraji P. Henson incarne Katherine Johnson.
Katherine Johnson a reçu en 2015 la médaille présidentielle de la liberté des mains de Barack Obama, qui déclarait que « Katherine avait été une pionnière qui avait brisé les barrières de la race et du sexe, montrant aux générations de jeunes que tout le monde peut exceller en mathématiques et en sciences et atteindre les étoiles ». Il avait également déclaré que “les femmes noires ont fait partie de tous les grands mouvements de l’histoire américaine, même si elles n’ont pas toujours eu voix au chapitre ».
Nous honorons donc aujourd’hui la mémoire de Katherine Johnson, sans qui nous n’aurions pas forcément toutes ces connaissances sur l’espace et sans qui beaucoup de missions spatiales auraient peut-être été impossibles.
Par Jeanne Gosselin, le
Source: The Root
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