La Chine a condamné une journaliste citoyenne à 4 ans de prison pour avoir couvert le Covid-19 à Wuhan.
La reporter critique de Wuhan
Zhang Zhan est une journaliste chinoise âgée de 37 ans qui a couvert, munie de son téléphone portable, l’impact de l’épidémie à Wuhan en février 2019. Cette ancienne avocate habituée à défendre ses idéaux – décrite par ses proches comme « obstinée » – a diffusé ses reportages sur les réseaux sociaux chinois et étrangers.
En dénonçant la situation chaotique des hôpitaux et les dissimulations des autorités sur le Covid-19, Zhang Zhan peut être considérée comme une véritable lanceuse d’alerte. Effectivement, la réaction tardive de la Chine au début de l’épidémie a été vivement critiquée. Pékin a attendu le 23 janvier 2020 pour mettre Wuhan sous quarantaine alors même que des cas s’étaient manifestés en décembre 2019. Elle s’est franchement opposée au confinement de Wuhan dénonçant « une grave violation aux droits de l’Homme ».
Zhang Zhan a aussi remis en cause la politique de communication du parti. Ce dernier demande à partir de mars à ses citoyens une « gratitude » envers le gouvernement pour sa gestion de la crise. Zhang Zhan ira directement interroger les passants pour montrer la relativité de cette reconnaissance citoyenne.
Une condamnation pour « provocation aux troubles »
La journaliste est arrêtée en mai 2020 accusée de « provocation aux troubles » pour avoir diffusé de fausses informations. Face à ces griefs, Zhang Zhan a entamé une grève de la faim en juin. Elle a cependant été nourrie de force par un tube nasal pendant sa détention. Ses avocats ont rapporté que son état physique et psychologique était préoccupant.
Ce lundi 28 décembre 2020, la justice chinoise a jugé Zhang Zhan à huis clos. Aucun journaliste n’a pu assister à l’audience. Condamnée à 4 ans de prison par le tribunal populaire, la journaliste avait déjà éveillé la méfiance pour sa sympathie envers des militants pro-démocratie dans le passé.
D’autres journalistes menacés par le Parti communiste
La condamnation de la journaliste Zhang Zhan est loin d’être un cas isolé. D’autres journalistes dont Chen Qiushi, Fang Bin et Li Zehua ont aussi été menacés puis placés en détention. Un autre procès est en cours, celui d’un groupe de militants hongkongais ayant tenté de fuir vers Taïwan.
La répression sévère des regards critiques sur la situation épidémique montre que la Chine peine à évoluer vers un État de droit. Ce n’est qu’en acceptant la critique qu’un État prouve pourtant sa force et son autorité.
Par Eudémone, le
Source: Courrier international
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