Ils sont une niche dans le vaste monde du jeu vidéo, et sont réservés aux joueurs sur PC : les City Builders, ou jeux de gestion d’une ville, mettent vos talents de comptable, de marchand, de chef de guerre et d’administrateur à rude épreuve. Il faut savoir garder la trésorerie à flot et les ennemis à l’extérieur de la ville, tout en satisfaisant sans cesse les besoins croissants des citoyens. Dans cette catégorie, les jeux produits par Impressions Games font figure de référence. Sortis à la charnière des années 2000, les 4 jeux de la série historico-mythologique de Sierra ont encore plus d’un charme dans leur sac pour les amateurs du genre et les rétrogamers.
L’ensemble des jeux se caractérise par une prise en main facilitée par une interface simple et sensiblement similaire de l’un à l’autre. Les différents bâtiments constructibles sont classés dans des rubriques générales (agriculture, administration, santé, armée…) et il n’y a qu’à piocher dedans et cliquer sur le point précis de la carte où vous souhaitez l’implanter pour qu’il apparaisse et entre instantanément en fonction (si vous avez un nombre suffisant de citoyens pour pourvoir tous les postes). Si certains y voient une répétitivité ennuyeuse, ce choix d’interfaces est aussi un atout : le joueur peut aisément passer d’un jeu, d’une civilisation à l’autre et profiter rapidement du grand plaisir de ces City Builders : faire évoluer les habitations et se prendre pour un véritable chef grec, romain, égyptien ou chinois.
En effet, il est possible de considérer qu’il s’agit globalement du même jeu en 4 exemplaires dans univers différent. Les critères d’évolution des maisons sont les mêmes : accès à l’eau, à la nourriture, à la culture, à la santé, cadre agréable… C’est dans la réalisation de ces requêtes que tout change : en Chine, il faut planter du riz ou le soja, en Grèce vous pouvez allier le blé et le fromage de chèvre, en Egypte les lentilles et les pois chiches et en Italie des olives et des fruits… Pour ne citer que quelques exemples, car le choix est varié.
De même, chaque civilisation a son industrie propre : fabriquer des papyrus, des poteries, des objets laqués, des armes… Si le but du jeu et les grandes lignes du gameplay se retrouvent de l’Italie à la Chine, l’ambiance est totalement différente et le joueur change véritablement de monde en changeant de CD, d’autant que les graphismes vous immergent totalement : les toits recourbés des pavillons chinois, les philosophes grecs, les pyramides égyptiennes, les villas romaines contribuent à la création d’univers. Tout ce petit monde évolue en fonction des biens auxquels il a accès, et bientôt le but ultime de votre administration consistera à bâtir la plus belle cité possible.
A ce niveau, malgré la supériorité graphique d’Empereur (le dernier de la lignée) et les pyramides de Pharaon, rendons hommage à une particularité de Zeus : la construction des temples. Elle requiert d’importantes quantités de marbre, de bois et de sculptures (à produire soi-même si on dispose des matières premières nécessaires ou à importer), mais quel résultat ! Un temple vaste, brillant, parfois imposant (temple de Poséidon ou de Zeus par exemple), sur l’autel duquel on peut observer le sacrifice des moutons que les prêtresses vont directement chercher à la bergerie… Une fois le temple achevé, le dieu célébré parcourt les rues de votre cité, auréolé de son aura divine. Un plaisir qu’on ne retrouve pas dans les autres jeux.
L’atout esthétique se double d’un avantage en nature. Le dieu honoré par le temple offre en échange de votre dévotion ce qui fait sa spécialité : lire l’avenir pour Apollon, quelques pieds de vigne pour Dionysos ou d’oliviers pour Athéna, des troupes d’archers pour Artémis… Pour couronner le tout, il est possible de faire régulièrement une prière par l’entremise du temple, et d’obtenir un véritable cadeau de la part du dieu concerné immédiatement livré dans ses entrepôts ou ses greniers, voire une aide militaire directe si vous avez choisi Arès ou Zeus. Un seul regret : le joueur n’est autorisé à construire que 3 temples dans chaque cité. Impossible de céder à la mégalomanie !
Ces City Builders d’Impressions Games se distinguent également par leur niveau de difficulté. Il existe notamment un grand écart entre Zeus et Caesar III. Si la faillite est impossible dans le premier, elle vous guette à chaque instant dans le second. En Grèce, entrepôts et greniers se retrouvent rapidement pleins, y compris vos points de vente, au point de ne plus savoir que faire de tous ces produits, laissant au joueur le loisir de peaufiner ses plans d’urbanisme pour embellir sa cité, voire de recouvrir la carte de jardins et autres monuments esthétiques. L’abondance est bien plus délicate à atteindre et à maintenir chez les Romains, où le mécontentement des dieux peut provoquer des ravages et où le budget est beaucoup plus serré. Attention à la trésorerie, ou gare à la colère de César, qui n’hésitera pas à envoyer ses meilleures troupes raser votre cité !
Spécificité de Caesar III, vous avez le choix à chaque changement de cité de choisir si vous préférez une mission axée sur le niveau de vie de vos habitants ou sur l’aspect militaire. Dans un cas comme dans l’autre, la partie ne sera pas facile, car les citadins peuvent se révéler extrêmement exigeants et quittent la ville sans scrupule en cas d’insatisfaction. Quant aux combats qui vous attendent, ils sont rapidement difficiles à remporter et il est très compliqué de se remettre de leurs dégâts. Mieux vaut prévoir très tôt quelques bonnes rangées de murs et de tours…
Pour s’immerger encore un peu plus dans la civilisation du jeu et prolonger l’expérience, les extensions Poséidon (pour Zeus) et Cléopâtre (pour Pharaon) apportent de nouvelles campagnes et de nouveaux bâtiments, ressources et industries à intégrer à la vie de votre cité. Dans le premier, les habitants souhaitent maintenant avoir accès à la science et à la culture, et peuvent exploiter le légendaire orichalque. Côté égyptien, l’extension est idéale pour poursuivre vos projets de bâtisseur mégalomane.
Avec ses City Builders Zeus, Pharaon, Caesar III et Empereur, Impression Games réussit à créer un univers unique à chaque jeu mais homogène de l’un à l’autre. C’est une véritable civilisation qui naît sous la souris du joueur, et on se découvre bien vite l’âme d’un chef. Colorée par ses divers bâtiments, animée par toute sa population qui se promène à travers les rues et donne son avis sur la gestion que vous en faites, la cité devient rapidement une source de fierté. A la fin du jeu, ne subsiste qu’une envie : installer vite les extensions !
Par Séranne Piazzi, le
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