Les intelligences artificielles (IA) sont un sujet d’actualité pour lequel de nombreux chercheurs d’horizons différents font la course à l’innovation, et pour lequel la France ne peut pas se vanter d’avoir été précurseur en la matière. Si notre gouvernement n’a que très peu favorisé le développement de cette technologie jusqu’à maintenant, l’année 2017 va permettre la mise en place de groupes de travail visant à se pencher sur tous les aspects de ce secteur. Une initiative directement inspirée des travaux de l’administration Obama, qui promet un plan d’action mi-mars.
C’est la secrétaire d’État, Axelle Lemaire, chargée du numérique et de l’innovation qui s’est chargée de faire l’annonce du projet « France IA ». Arguant du fait que l’IA est non seulement un sujet d’actualité mais aussi de société, qui pourrait faire l’objet d’un projet politique, elle s’est rendue à l’incubateur de start-up Agoranov à Paris, le 20 janvier 2017, pour expliquer la nouvelle stratégie nationale en la matière. Au programme, la mise en place de sept groupes de travail chargés de recouvrir l’ensemble de la discipline, de la collaboration recherche académique-industrie à l’éthique dans les algorithmes. Un gouvernement qui n’est pas resté insensible à l’initiative Startup America de l’administration Obama, et à l’enjeu des IA en matière d’emploi.
Même si les horizons sont un peu flous pour le moment, nous savons d’ores et déjà qu’un groupe, co-présidé par David Sadek, directeur de la recherche à l’Institut Mines-Telecom, travaillera sur la cartographie des usages de l’intelligence artificielle. D’autres seront consacrés à la sécurité et à la souveraineté nationale, à l’anticipation des impacts macro-économiques et sociaux, ou encore à la formation des experts en IA. Chaque groupe sera dirigé par deux responsables, l’un issu de la recherche publique, l’autre du monde de l’entreprise. S’il est important de « faire le lien entre les laboratoires et les besoins industriels », des travaux seront menés par Bertrand Braunschweig, directeur de l’Inria, autour de l’approbation des résultats de la recherche par les entreprises.
Si des équipes parallèles réfléchiront sur des thèmes plus précis tels que les véhicules autonomes, les villes intelligentes, la finance, ou encore la robotique, un des principaux débats tourne autour de l’éthique des algorithmes dans l’intelligence artificielle. Quoi qu’il en soit, la France est dotée d’un fort potentiel qu’il faut faire valoir. « On a de très bonnes écoles, des chercheurs excellents, et d’un autre côté des start-up, des PME et des grandes entreprises qui ont besoin de ces compétences, mais la relation entre eux ne se fait pas complètement. On n’est pas dans une société où les chercheurs ont été incités à aller vers l’entreprise » explique Bertrand Braunschweig.
Face à l’avancée fulgurante des grandes puissances tels que la Chine ou les États-Unis et les GAFA, qui délogent petit à petit les plus grandes têtes pensantes françaises et bénéficient de lourds investissements, la France peut apparaître comme la dernière roue du carrosse, d’autant plus que ce projet n’est initié qu’en fin de mandat présidentiel. Mais selon Axelle Lemaire, le prochain gouvernement « n’aura pas d’autre choix » que de poursuivre cette voie.
Par Tom Savigny, le
Source: Sciences et Avenir
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