Au cours de sa longue et riche histoire, Londres n’a pas été épargnée par les tragédies. Quelques décennies avant d’être frappée par la « grande puanteur » et le choléra, la ville a été le théâtre d’un véritable déluge de bière.
Déluge de bière brune
Située le long de la Tottenham Court Road, avenue londonienne densément peuplée au milieu du XIXe siècle, la brasserie Horse Shoe était connue pour abriter de grandes cuves de Brown Porter Ale, une bière brune aux notes de chocolat et de caramel très appréciée des locaux.
Le 17 octobre 1814, l’un des anneaux de la structure métallique de la cuve principale a cédé, entraînant par effet domino la rupture des autres réservoirs et le déversement, sous la forme d’une vague de 4,6 mètres de haut, de 1 470 000 litres de bière dans les rues de la capitale anglaise.
Ce tsunami d’alcool a entraîné l’inondation et l’effondrement de plusieurs commerces et habitations. On estime que l’incident a coûté la vie à huit personnes (mortes par noyade ou des suites de leurs blessures), dont une employée du pub Tavistock Arms.
Une neuvième aurait été victime quelques jours plus tard d’un empoisonnement à l’alcool. Selon les journaux de l’époque, de nombreux habitants n’hésitaient pas à récolter et consommer le précieux nectar, dont l’odeur imprégnerait les rues de Londres pendant des mois.
Un cas de force majeure
Si les dommages causés par cet incident insolite avaient à l’époque été chiffrés à 23 000 livres sterling, aux yeux de la justice, il s’agissait d’un « cas de force majeure », et la brasserie londonienne poursuivit ses activités jusqu’en 1922.
Suite à la catastrophe, certains survivants avaient également exposé les corps de leurs proches décédés afin de récolter des fonds. Un type d’exhibition inenvisageable dans nos sociétés modernes, mais qui faisait également fureur à Paris au XIXe siècle.
En 1919, la ville de Boston avait été touchée par un incident similaire, impliquant 8 millions de litres de mélasse.