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« Il n’est pas qu’une nuisance » : le frelon asiatique à pattes jaunes menace la santé humaine et fragilise les abeilles

Quand il est apparu en France vers 2004, le frelon asiatique à pattes jaunes (Vespa velutina nigrithorax) était surtout vu comme une curiosité exogène. En 2025, c’est devenu un ennemi discret : il pénètre nos jardins, menace notre santé, surtout si on l’agresse, et pèse lourd sur les abeilles. Je vous explique pourquoi ce prédateur volant est plus qu’une nuisance, et surtout comment on peut limiter les dégâts.

Gros plan d’un frelon asiatique à pattes jaunes posé sur une feuille verte.
Le frelon asiatique, espèce invasive : un danger pour les abeilles et l’équilibre écologique – DailyGeekShow.com / Imagen

Le frelon asiatique peut provoquer des piqûres graves, surtout en cas d’allergie ou d’attaque collective

Un frelon isolé n’est pas forcément agressif. Tant qu’on ne s’approche pas de son nid, il ne cherche pas à attaquer. Mais il existe plusieurs situations où sa présence devient dangereuse pour l’humain.

Le venin injecté lors de la piqûre provoque une douleur vive, une rougeur, un gonflement. Ce frelon peut piquer plusieurs fois, car contrairement à l’abeille, il ne perd pas son dard. Celui-ci, long jusqu’à 6 mm, traverse certains vêtements ou gants de jardinage, ce qui augmente le risque.

Lorsque plusieurs frelons attaquent, les effets toxiques du venin se cumulent : nausées, diarrhée, chute de tension, maux de tête.

Le danger est encore plus sérieux en cas d’allergie. Une seule piqûre peut provoquer un choc anaphylactique : œdème de la gorge, difficulté respiratoire, perte de connaissance.

C’est une urgence vitale. Les personnes allergiques doivent avoir sur elles un stylo auto-injecteur d’adrénaline, car chaque minute compte.

Les piqûres dans la bouche ou la gorge sont particulièrement redoutées. Elles peuvent gêner la respiration, même en l’absence d’allergie. Par ailleurs, une attaque massive, par exemple lorsqu’on dérange un nid sans le savoir, peut entraîner une hospitalisation.

Entre 2014 et 2023, les piqûres d’hyménoptères ont entraîné plus de 179 000 passages aux urgences en France. Parmi eux, 13 % ont nécessité des soins intensifs.

Le frelon décime les abeilles en les chassant et en bloquant leur activité

Le frelon asiatique s’est imposé comme un cauchemar pour les abeilles. Non seulement il les chasse pour nourrir ses larves, mais il exerce aussi une pression constante autour des ruches, déstabilisant complètement leur fonctionnement.

Ce prédateur généraliste affectionne particulièrement les abeilles domestiques. Il plane en vol stationnaire à l’entrée des ruches et capture les ouvrières en plein vol. Une seule colonie de frelons peut consommer jusqu’à 11 kg d’insectes par saison. L’impact est donc direct et massif.

La simple présence de ces frelons suffit à troubler les butineuses. Par peur, elles restent à l’intérieur de la ruche, sortent moins, produisent moins. Les réserves de miel diminuent, les colonies s’affaiblissent, et parfois ne survivent pas à l’hiver. Ce phénomène de paralysie par la prédation est sournois et redoutable.

Dans certaines zones, les apiculteurs estiment que près d’une ruche sur trois est menacée. Cette pression, ajoutée aux pesticides et aux maladies, aggrave la crise que traversent les abeilles. Le frelon asiatique est aujourd’hui classé parmi les espèces exotiques envahissantes les plus inquiétantes.

Ne pas approcher les nids et signaler : les bons réflexes pour se protéger

Face à ce frelon, la première règle est claire : ne jamais tenter de détruire un nid soi-même. S’il se trouve dans un jardin, prévenez vos proches et vos voisins. Maintenez une distance de sécurité d’au moins cinq mètres, évitez les gestes brusques et contactez les autorités locales pour signaler sa présence.

Les pièges artisanaux, souvent fabriqués avec des bouteilles remplies de sirop, sont à proscrire. Ils tuent sans distinction une foule d’autres insectes essentiels.

Il existe en revanche des pièges sélectifs, en forme de nasses, équipés d’issues permettant aux insectes plus petits de s’échapper. Leur usage doit être ciblé autour des ruchers, notamment à deux périodes clefs : au printemps pour capturer les reines fondatrices, à l’automne pour bloquer les futures reines.

Pour proteger les ruches, plusieurs dispositifs existent : muselières adaptées, grillages anti-frelons, harpes électriques ou tentes spécialisées. Ces outils perturbent les attaques sans nuire aux abeilles. Leur mise en place reste technique, mais elle devient indispensable dans les zones très touchées.

Les professionnels de la lutte anti-nuisibles sont formés pour intervenir en toute sécurité. Leur travail s’inscrit dans une stratégie plus large, désormais encadrée par une loi depuis mars 2025.

Celle-ci prévoit un plan national, un meilleur encadrement du piégeage et une indemnité pour les apiculteurs. Un pas essentiel, même si les décrets d’application se font encore attendre.

Mieux connaître le frelon pour adapter nos réflexes et protéger les abeilles

Le frelon asiatique à pattes jaunes est là pour rester. Il compose désormais avec notre environnement, nos jardins, nos campagnes. La menace est réelle, mais elle n’est pas insurmontable.

Il faut d’abord mieux connaître cet insecte, pour ne pas le confondre, pour savoir comment réagir. Il faut ensuite agir collectivement, entre citoyens, apiculteurs, scientifiques, collectivités.

Pas dans la panique, pas avec des pièges mal pensés, mais avec des outils adaptés, une surveillance partagée, et une volonté commune de préserver ce que nous avons de plus précieux : nos abeilles, la pollinisation, la vie.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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