Alors que, depuis maintenant plus d’un an, des manifestations à Hong Kong s’opposent à la volonté du gouvernement chinois de vouloir faire main basse sur Hong Kong, le vote de la loi sur la sécurité nationale vient mettre un brusque frein à l’exception démocratique hongkongaise, qui est supposé, jusqu’en 2047, obéir au principe « un pays, deux systèmes ».
Une exception démocratique en danger
Depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, par le Royaume-Uni, Hong Kong obéit à un régime politique particulier. La région administrative spéciale (RAS) jouit en théorie d’une relative autonomie jusqu’en 2047, soit 50 ans après l’acte de rétrocession. Ainsi, les libertés publiques sont en théorie garanties, contrairement au reste de la Chine. C’est en tout cas ce que prévoyait l’accord de 1984 signé entre le Royaume-Uni et la Chine.
Toutefois, régulièrement, la Chine tente de s’accaparer Hong Kong, et ce, plus tôt que prévu. L’une des phases les plus importantes a été en 2014, quand la Chine a tenté de limiter la portée du suffrage universel pour l’élection du chef de l’exécutif hongkongais, provoquant une révolte, appelée le mouvement des parapluies. Récemment, en 2019, la Chine a tenté de faire passer une loi qui, selon les manifestants, aurait pu permettre au gouvernement de Beijing d’extrader des personnes de Hong Kong, et ainsi intervenir dans le système judiciaire de la RAS. Après plusieurs mois, le projet de loi est « reporté », mais les manifestants continuent de réclamer son abandon pur et simple, ainsi que la démission de la cheffe de l’exécutif, Carrie Lam, accusée d’être un pantin à la solde de Beijing.
Des livres pro-démocratie retirés des bibliothèques
Toutefois, l’étau semble de plus en plus se resserrer sur Hong Kong. Le 30 juin, la Chine a imposé la loi sur la sécurité nationale, qui lui donne des pouvoirs judiciaires sans précédent sur l’ancienne colonie britannique. Quatre types d’infractions sont désormais réprimées par cette loi : le « séparatisme », la « subversion », le « terrorisme » et la « collusion avec des forces extérieures et étrangères ». Un Bureau de défense de la sécurité nationale, qui obéira au pouvoir central de Beijing et qui ne relèvera pas du droit local, sera également mis en place dans le territoire de la RAS. Il sera chargé, notamment, de « s’occuper » des infractions en matière de sécurité nationale. Pour ces infractions, l’emprisonnement à vie est possible.
Plus grave encore, la liberté d’expression y est désormais fortement restreinte. Ainsi, des livres écrits par des figures du mouvement pro-démocratie ont été retirés des bibliothèques, comme les ouvrages de Joshua Wong, figure de proue du mouvement, ou Tanya Chan, députée pro-démocratie. Le département des services culturels et de loisirs de Hong Kong affirme les avoir retirés sur le motif que ces livres contreviendraient à la sécurité nationale.
Joshua Wong s’est insurgé de cette décision : « La terreur blanche continue de se propager, la loi sur la sécurité nationale est, par nature, un outil destiné à mettre en cause (la liberté) de parole », la « terreur blanche » faisant référence à la persécution politique. Des ONG et groupes de défense des droits humains mettent en garde contre la formulation très floue de la loi sur la sécurité nationale, qui peut conduire à interdire certaines opinions politiques, même si ces dernières sont exprimées pacifiquement. Joshua Wong appelle le monde à « être solidaire de Hong Kong ». « Nous devons toujours faire savoir au monde que c’est le moment d’être aux côtés de Hong Kong. »
Par Marine Guichard, le
Source: Le Monde
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