S’il a bien été prouvé que le règne animal repose sur la corrélation entre force physique et pouvoir, il semblerait que la logique soit également valable pour les êtres humains. Cependant, le constat est surprenant : elle l’est uniquement chez les hommes ! Explications.
L’homme, un animal comme les autres ?
Les hommes les plus musclés préfèrent les sociétés inégalitaires et une redistribution des ressources limitées. C’est le résultat d’une une étude originale menée par le professeur Michael Bang Petersen, et le professeur Lasse Lautsen du département des Sciences Politiques danoises parue dans le média Political Psychology.
Si des études avaient précédemment prouvé que l’agressivité masculine avaient tendance à augmenter avec leur masse musculaire, c’est la première fois qu’une recherche d’une telle ampleur met en lien caractéristiques physiques et politiques. Chez les animaux, il est courant voire naturel de constater un modèle politique basées sur la force et la puissance s’installer au sein des espèces.
Ainsi, la force physique résout les conflits entre bêtes : plus un animal est féroce et puissant, plus il sera à même de s’approprier les ressources qu’il désire. À l’inverse si celui-ci s’avère être frêle et chétif, il risque très probablement d’avoir peu de crédibilité ainsi que des difficultés à s’imposer au sein de son troupeau.
Ce schéma semble s’inscrire également dans l’imaginaire collectif de certains hommes.
Le travail de synthèse mené par les deux chercheurs regroupe pas moins de douze enquêtes réalisées entre 2012 et 2017 sur 6 349 individus originaires entre autres de Lituanie, des Etats-Unis, du Danemark ainsi que du Vénézuela.
Quelle rationalité par rapport aux enjeux actuels ?
La réponse est simple : aucune.
« Cette logique était valable lors de notre passé préhistorique de chasseurs-cueilleurs , les hommes les plus forts étant capables de rassembler davantage de réserves par eux-mêmes. Cependant, c’est une façon irrationnelle d’envisager les conflits liés aux richesses dans le monde d’aujourd’hui. Aujourd’hui, la force physique n’intervient plus dans la manière qu’une société a de gérer ses ressources. Malgré cela, notre étude montre que la force physique continue d’influencer les inclinaisons politiques des hommes quand il s’agit de redistribution », souligne Lasse Lautsen, l’un des coauteurs de l’étude.
D’après les chercheurs, ce phénomène aiderait à comprendre le paradoxe des hommes à faibles moyens financiers qui privilégient malgré tout une inégalité de distribution des ressources. « Notre analyse suggère que ces hommes sont en fait en attente de monter dans la hiérarchie sociale. Une fois qu’ils auront atteint le sommet de celle ci, une société inégalitaire les aiderait à maintenir cette position », poursuit Lasse Lautsen.
« Ces résultats remettent en question l’idée que nos orientations politiques seraient uniquement façonnées par la logique et la raison. A l’inverse, elles semblent refléter des intuitions produites par un esprit préhistorique », surenchérit Michael Bang Petersen, auteur principal de l’étude.
Des femmes indifférentes à ces préjugés
Alors que l’étude n’est pas inclusive et a recueilli les témoignages et opinions d’hommes et de femmes, il semblerait que ces préjugés physiques n’aient en revanche aucune incidence sur les convictions féminines. Selon les chercheurs, ce résultat découlerait d’une évolution progressive et différenciée des êtres humains en fonction du sexe.
Tout comme les animaux mâles, les hommes auraient utilisé leurs supériorité physique pour gagner en statut social alors que les femmes, à l’inverse, ont développé d’autres stratégies pour pallier à leur infériorité corporelle.
Cependant, les chercheurs appellent à la prudence suite à cette étude pour ne pas tomber dans les représentations stéréotypées. « On ne peut pas affirmer que les hommes se situant à droite sur l’échelle politique se rendent plus souvent dans une salle de sport. Ceci dit, il semblerait que certains comportements masculins soient bien influencés par la force physique mais non l’inverse. »
Par Alice Mercier, le
Source: Slate
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