Par amitié ou pour prouver un amour sincère, échanger un baiser est devenu chose commune ces dernières années… Mais savez-vous vraiment pourquoi nous adoptons ce comportement ? Où est né le baiser ? Que représente-t-il vraiment ? Comment les autres peuples interprètent ce moment de complicité ? Le Daily Geek Show s’est penché sur ces questions et partage avec vous l’histoire du baiser.
L’histoire du baiser
Bien que très connu aujourd’hui, le baiser était pourtant, jusqu’à encore récemment, méconnu de certaines cultures. En effet, pour de nombreux peuples le bisou lèvres contre lèvres était une pratique inconnue voire étrange. On se souvient, par exemple, de William Winwood Reade, un explorateur britannique qui avait rapporté un témoignage pour le moins stupéfiant. Tombé amoureux d’une princesse africaine, alors qu’il tentait de lui voler un baiser, la jeune fille s’est enfuie en pleurant. Il écrira « les Africains ne savent pas ce qu’est le baiser » dans son livre Savage Africa (L’Afrique sauvage) de 1864. Plus tard, il comprit que la fille avait pensé qu’il voulait la dévorer.
Pour les experts, les premiers comportements pouvant se rapprocher de celui du baiser remontent à 1 500 ans av. J.-C. en Inde. Les textes sanskrits de l’époque n’évoquent pas précisément de baiser mais un acte qui y ressemble fort, « se renifler avec la bouche ».
CHARLES DARWIN CONSIDÉRAIT LE BAISER COMME UN ACTE INNÉ
Plus tard, ce fut au tour de Charles Darwin de s’intéresser au sujet. Celui-ci considérait le baiser comme un acte inné, un comportement présent dans nos gènes et donc tout à fait naturel. Jonathan Swift était d’ailleurs du même avis. Pourtant, aujourd’hui, les scientifiques ont tendance à caractériser le baiser comme un acte instinctif qui varie selon les cultures. Pour la grande philamatologue (scientifique étudiant les baisers) Sheril Kirshenbaum, « les humains semblent avoir une envie instinctive de se lier de cette manière, mais le style et la forme dépendent de la culture et de l’expérience. A la naissance, les premières expériences du bébé en matière d’amour, de réconfort et de sécurité comportent une forme ou une autre de baiser », comme la tétée de maman. « Aussi, du point de vue de la neuroscience, nous sommes programmés dès le plus jeune âge pour associer ces émotions positives avec le contact labial. »
Selon les parties du monde, les peuples, les personnes et les époques, le baiser est plus ou moins apprécié et toléré. En effet, au Japon longtemps tabou, il est maintenant ouvertement pratiqué dans les rues (par les jeunes surtout). On reconnait plusieurs comportements qui se rapprochent du baiser dans d’autres cultures comme les Maoris de Nouvelle-Zélande et les Inuits canadiens qui préfèrent utiliser leur petit nez, comme le faisaient déjà certaines tribus en Afrique, rapportait Christopher Nyrop. Dans toutes les sociétés où le baiser n’existait pas en tant que tel, il y avait tout de même un comportement similaire, comme le fait remarquer l’anthropologue Helen Fisher, les gens peuvent aussi « se tapoter, lécher, frotter, aspirer ou souffler sur le visage de l’autre avant la copulation ».
Mais en soi, le « baiser européen », c’est-à-dire lèvres contre lèvres, a été bien plus popularisé au fil du temps. En effet, le baiser a bien voyagé grâce aux conquêtes militaires, l’arrivée de navires sur de nouvelles terres, ou même les œuvres de grands auteurs et le cinéma. Aujourd’hui, il s’agit presque d’un langage universel, ce simple baiser a en fait une longue histoire, qui ne fait sûrement que commencer. Certaines études estiment que les endroits sur Terre où les gens ne s’embrassaient pas commençaient déjà à disparaitre depuis les années 1970. Et aujourd’hui, on estime que plus de 90 % des sociétés humaines connaissent le baiser. Le baiser n’est donc pas près de s’éteindre.
La science du baiser
Nous en venons inévitablement à l’aspect scientifique du baiser. Mais pourquoi donc devrait-on ou non s’embrasser ? Dès l’âge adulte, ces questions trouvent de nombreuses réponses. Ainsi, le contact permettrait à la femme de recueillir les marqueurs hormonaux de l’homme pour juger si oui ou non, il ferait un bon partenaire. Les scientifiques ont découvert que les femmes sont capables de repérer des codes (complexe majeur d’histocompatibilité aussi appelé CMH). Ainsi, les femmes sont attirées par les hommes possédant un CMH différent du leur, et les enfants issus de cette union aurait donc un meilleur système immunitaire, une meilleure santé et de meilleures chances de survie. En somme, il s’agirait d’un véritable test pour s’assurer de choisir le ou la bon(ne) partenaire.
Encore une fois, les femmes en dévoilent un peu plus selon leur baiser. Une étude menée par les scientifiques Rafael Wlodarski et Robin Dunbar tend à prouver que l’appréciation féminine du baiser dépend de son cycle menstruel. Elle apprécie donc plus un baiser pendant l’ovulation.
L’UNE DES MEILLEURES PREUVES DE CONFIANCE EN SON PARTENAIRE, QUE LE CERVEAU PEUT FACILEMENT INTERPRÉTER
Pour l’homme en revanche, il est question de séduction et plus précisément de sexe. La salive contient d’infimes quantités de testostérone et les chercheurs pensent que l’homme en embrassant fougueusement sa moitié cherche en fait à transmettre cette hormone. Les femmes sont bien plus sensibles à la testostérone, augmentant ainsi leur libido et donc plus réceptives à un échange de bons procédés.
Ainsi, que ce soit pour les hommes comme pour les femmes, le baiser semble très utile pour traduire un sentiment amoureux. En effet, il s’agit d’une des meilleures preuves de confiance en son partenaire, que le cerveau peut facilement interpréter. Évidemment ! C’est bien le meilleur moyen de prouver sa confiance en quelqu’un que d’accepter de partager ses bactéries, microbes et autres pathogènes qui pourraient nous coûter la vie. D’ailleurs, d’après la chercheuse Sheril Kirshenbaum, le baiser a connu à chaque époque une grande popularité sauf pendant la peste noire. Coïncidence ?
L’histoire du baiser est encore pleine de mystères. Tabou pour certains, véritable preuve d’amour pour d’autres, le baiser déchaîne les passions. À la rédaction, on ne peut s’empêcher de trouver le baiser d’un romantisme fou ! N’oublions pas d’ailleurs que la France est connue pour être le pays du plus beau baiser de tous les temps : le “French Kiss”.
Par Precila Rambhunjun, le
Source: theguardian
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