C’est quelque chose que vous avez sans doute remarqué si vous avez déjà lu un manga : dès qu’un personnage s’apprête à attaquer son adversaire, il hurle le nom de son attaque. Une habitude qui peut sembler étrange, mais qui est en fait très réfléchie. SooGeek vous explique pourquoi Son Goku vocifère Kamehameha avant de pulvériser ses ennemis !
L’origine du phénomène
Ça peut paraitre contreproductif de prévenir son adversaire du prochain coup que l’on pense lui assener. Et pourtant, dans tous les shonen, les personnages ne loupent pas une occasion de le faire. L’idée que d’énumérer quelque chose ajoute une certaine aura à l’action ne date pas d’hier. Après tout, c’est ce que font les sorciers avant de lancer un sort. Imaginez Harry Potter, baguette dégainée et bras tendu, faire de la magie sans dire un seul mot. Ça serait vraiment bizarre ! Cela permet de se concentrer sur l’incantation et de la réussir. Dans la culture japonaise, c’est ce qu’on appelle le kiai. « Ki » désigne l’énergie et la volonté et « ai » se traduit par rassembler, réunir. Un cri énergisant qui doit être poussé lors d’une attaque dans les arts martiaux. Le fait de contracter le torse lors du kiai permet de frapper plus fort et la puissance du coup peut être fortement augmentée grâce à cela. Si un adversaire ne s’y attend pas, cela peut aussi le déstabiliser et lui faire perdre sa concentration juste avant l’impact.
Le kiai est également une déclaration de l’esprit de combativité et votre volonté de surpasser votre ennemi. En plus d’être très intimidant, cela donne confiance en ses capacités. Dans les arts martiaux, on apprend à faire attention à son souffle et sa respiration et sa relation avec la concentration et les mouvements. Le souffle est essentiel pour accélérer la circulation du sang et accroitre la rapidité des mouvements, mais le fait de se concentrer sur cela éloigne aussi les doutes qui peuvent rapidement s’installer dans l’esprit du combattant lors d’un combat et perturber sa performance. Le kiai est la représentation de la détermination lors d’un combat et est nécessaire pour faire des frappes parfaites dans n’importe quel art martial. Il ne s’agit donc pas de hurler sans réfléchir, mais de réussir à contrôler son souffle pour projeter sa puissance à l’instant de la frappe. C’est exactement le même concept qui vient se greffer aux mangas et à l’animation japonaise.
L’utilisation dans le manga
Alors comment est-ce que l’on explique qu’en dehors des compétitions d’arts martiaux, on retrouve ce concept dans les mangas ou l’animation japonaise ? Le premier exemple le plus probant se trouve dans la série Mazinger Z, considéré comme le premier anime de mecha, c’est-à-dire une histoire mettant en scène des robots. Ce sous-genre du manga est sans doute le plus populaire au Japon, et cela commence justement dès 1972 lorsque les créateurs de la série décident d’implémenter une idée novatrice : faire en sorte que le héros hurle le nom de ses attaques. Le but est de faire participer les enfants et les adolescents regardant la télévision pour qu’ils puissent crier le nom de l’attaque en même temps que le personnage et se sentir plus investis dans l’histoire.
Pari réussi puisque la technique fonctionne à merveille dès les premiers épisodes. Cela fonctionne tellement bien que toutes les séries qui ont suivi Mazinger Z ont utilisé le même procédé. La tradition s’est d’abord répandue dans les autres séries de mecha mais s’est ensuite propagée dans tous les genres, à partir du moment où il y a des combats. Akira Toriyama a ajouté le nom des attaques pour Dragon Ball sous les conseils de son éditeur, afin que le lecteur comprenne mieux ce qu’il se passe. Cela donne plus d’impact à chaque mouvement et les lecteurs peuvent débattre entre eux des meilleures attaques tout en apprenant à les reconnaître. Encore une fois, le lecteur est plus investi et devient plus enclin à avoir une réaction émotionnelle. Dans les mangas les plus développés, cela devient essentiel pour ne pas être perdu durant les affrontements. Luffy de One Piece a plus de cinquante techniques différentes ! Le fait qu’il annonce ses attaques permet de savoir à quoi s’attendre.
La culture japonaise et les arts martiaux sont donc à l’origine du phénomène depuis des siècles. Il faut attendre les années 70 et l’essor de l’animation japonaise pour que le concept transforme le monde du manga. Faire hurler le nom des attaques par les personnages est un moyen intelligent de donner des repères aux lecteurs tout en les impliquant davantage émotionnellement. Quelle est l’attaque dont vous ne vous lassez pas d’entendre le nom ?
Par Florent, le