Harold Shipman aurait pu être décrit comme un « bon docteur ». Médecin généraliste depuis 1977, il avait installé son cabinet au 21, Market Street à Hyde, près de Manchester. Mais ce gentil médecin de famille, époux et père de quatre enfants, n’était pas si « bon ». En effet, Harold Shipman est considéré comme le tueur en série le plus meurtrier d’Angleterre. Il a été reconnu coupable de 15 meurtres, mais plus de 250 lui sont attribués.
Un homme normal
Harold Shipman est né en 1946 à Nottingham dans une famille ouvrière. Harold eut une enfance raisonnablement normale, même s’il restait un enfant solitaire. Alors qu’il était âgé de 17 ans, sa mère mourut d’un cancer du poumon. Quelques années plus tard, Harold Shipman entamait des études de médecine. Résidant au Bodington Hall à cette période, il y rencontra sa future femme : Primrose. Ils se marièrent en 1966. Puis, en 1970, Harold Shipman obtint son diplôme de médecin et exerça à la General Infirmary de Pontefract. En 1975, il eut ses tout premiers déboires avec la justice. Effectivement, il faisait ses propres ordonnances pour de la péthidine, un antalgique opioïde.
En 1997, sorti de sa cure de désintoxication, Harold Shipman installa son cabinet au 21, Market Street à Hyde. Pendant plusieurs années, il exerça son rôle de médecin de quartier. Apprécié de tous, aimé par sa femme et ses quatre enfants, Harold Shipman participait à des actions bénévoles. D’ailleurs, la plupart de ses consultations étaient gratuites. En somme, Harold Shipman était un médecin quinquagénaire paisible, un bon père, un bon mari et surtout un bon médecin. Propre sur lui, aimable, serviable, personne ne pouvait imaginer que cet homme était en réalité le serial killer le plus prolifique du Royaume-Uni.
L’erreur qui fera tout basculer
En 1998, Harold Shipman était déjà dans la ligne de mire des autorités. En effet, le cabinet médical juste à côté de celui du docteur Shipman avait remarqué que le taux de mortalité de ses patients était presque dix fois supérieur au sien. De plus, les pompes funèbres locales ont été alarmées par le nombre de décès parmi ses patients. Bien que les autorités aient été prévenues, elles ne trouvèrent aucune preuve pouvant inculper Harold Shipman.
Mais ce qui fit tout basculer fut le meurtre de Kathleen Grundy, 81 ans, ancienne maire de Hyde. En juin 1998 (trois mois seulement après la première enquête), le docteur Harold Shipman alla au domicile de Kathleen Grundy et lui injecta une dose mortelle de diamorphine. Puis, il fit un faux certificat de décès. Tout pouvait sembler normal pour les habitants de Hyde, mais la fille de Kathleen Grundy fut étonnée de voir que sa mère avait légué toute sa fortune (environ 630 000 euros actuels) au docteur Shipman. Immédiatement, la fille de la défunte soupçonna Shipman d’avoir tué sa mère.
Le corps de Kathleen Grundy fut alors exhumé. Lors de l’autopsie, le médecin légiste découvrit des traces de diamorphine et la police arrêta Harold Shipman. Il tenta de se défendre tant bien que mal auprès des enquêteurs affirmant que Kathleen Grundy était accro à la morphine et à l’héroïne. Cependant, le bon docteur avait laissé des notes sur le meurtre de Kathleen, et la police ne fut pas dupe. Harold Shipman fut incarcéré et la police put le relier à 14 autres meurtres.
Plus de 250 meurtres
Pendant plusieurs années, Harold Shipman tua des femmes entre 41 et 93 ans. Il tua sa première victime, Eva Lyons, 70 ans, en 1975. La même année où il se fit prendre pour avoir falsifié des ordonnances. Cependant, Harold Shipman ne fut pas radié de l’ordre des médecins, il ne reçut qu’une lettre d’avertissement. Donc, en sortant de sa cure de désintoxication, le bon docteur put reprendre ses meurtres.
Selon les enquêteurs, le docteur Shipman avait des périodes de latence. Il était capable d’arrêter de tuer pendant plusieurs années, avant de reprendre ses habitudes meurtrières. Mais à chaque fois, il utilisait le même schéma : il injectait une dose mortelle de diamorphine à ses patients et les regardait mourir. Puis, il falsifiait tout simplement le certificat de décès pour couvrir ses traces. Au total, Harold Shipman aurait tué plus de 250 de ses patients : 71 alors qu’il travaillait dans un cabinet à Donneybrook, et près de 200 alors qu’il exerçait dans son propre cabinet.
Harold Shipman fut reconnu coupable de 15 meurtres en 2000. Il ne parla jamais de ces meurtres, ou de ceux qu’il aurait pu commettre. Il nia même totalement les faits et personne ne sut pourquoi il avait commis tous ces meurtres. En 2004, il se suicida en prison.
Par Manon Fraschini, le
Source: All that is interesting
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