S’il est vrai que nous adorons parler des créations américaines en matière de bande dessinée, il est bon de rappeler que la France n’est pas en reste en matière de scénarios épatants, de dessinateurs talentueux et de plumes élégantes. Des caractéristiques que regroupe Harmony de Mathieu Reynès, une œuvre épatante qui a su charmer bien des lecteurs dès sa sortie en janvier 2016.
Harmony, c’est l’histoire et le nom de son personnage principal, une jeune femme au destin épique qui va devoir affronter bien des ennemis qu’elle n’a pas choisis. Son récit débute dans une cave : étendue sur un lit de fortune, elle ouvre les yeux sans comprendre comment elle est arrivée dans ce lieu un brin lugubre. Que fait-elle ici ? Comment y est-elle arrivée ? Quel est ce lieu ? Et surtout, qui est-elle ? Seuls indices sur sa situation : les rêves qu’elle fait et dans lesquels une voix l’appelle « Harmony… ». Il ne lui faudra que peu de temps avant de rencontrer son hôte qui prend soin d’elle en lui apportant à manger. Enfermée dans la maison, elle prend son courage à deux mains pour questionner Nita, cet homme d’apparence rustre et imposante qui lui porte toute son attention.
Il faudra que la jeune fille retrouve la mémoire pour comprendre la difficulté de sa situation : se découvrant des pouvoirs de télékinésiste, elle comprendra la relation qu’elle entretenait avec son hôte avant d’affronter les dangers qui la guettent et le destin qui est sien.
Dès son premier tome, sorti en janvier 2016, Harmony déboussole son lecteur : en quelques pages seulement, la bande dessinée nous fait sauter d’un temps à l’autre, d’une situation à une autre pour mettre en place les bases de son scénario. Entre science-fiction et légende, la BD joue sur plusieurs tableaux et ça fonctionne : impossible de décrocher de la première à la dernière page et le tome 2 se fait très vite attendre.
L’une de ses forces, et pas des moindres, est de nous plonger avec talent dans l’histoire si bien que, tout comme l’héroïne, nous attendons des réponses aux questions, des indices sur sa situation. Dès les premières cases par exemple, le lecteur tente de comprendre qui est l’hôte d’Harmony : un samaritain aux bonnes intentions ou un tortionnaire kidnappeur sans foi ni loi. Du suspense en veux-tu en voilà pour un premier tome qui n’en dit, finalement, pas tant que ça : la frustration se mêle assez vite au plaisir de découvrir les planches à mesure que les pages se tournent.
Les planches justement, sont magnifiquement réalisées par l’auteur qui, en vrai touche-à-tout, s’est chargé du scénario, des dessins et d’une partie des couleurs. Le reste fut réalisé par Valérie Vernay. De belles illustrations, un scénario fascinant, un univers riche et des personnages attachants, que demander de plus ? Une bande-son semble-t-il. En effet et parce que le temps est au transmédia, les Editions Dupuis proposent toute une playlist de bandes-son à découvrir en même temps que la bande dessinée.
Nommées et triées en fonction des pages, les musiques destinées à vous faire vivre une expérience hors norme rappellent les grandes productions américaines : prologue, chapitres, chaque instant de la lecture est accompagné par des sons magnifiques créés par Thomas Kubler à découvrir sur YouTube.
Sur bien des points Harmony fut l’une des bandes dessinées les plus intéressantes du début d’année 2016 : l’histoire est fascinante et se suffit à elle-même, mais prend des dimensions spectaculaires associée à tous les éléments créés en ligne par son auteur. Une œuvre transmédia de haut vol qu’il serait regrettable d’ignorer tant elle est faite pour plaire au plus grand nombre mais aussi et surtout aux fans de fantastique.
Par JJJ, le
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