Aujourd’hui, ce masque est devenu l’emblème de la contestation et de la protestation. Repris par de nombreux manifestants, mais aussi par des activistes ou « hacktivistes », à l’origine ce masque était pourtant l’image de la trahison. Revivez l’histoire de celui qui a inspiré ce symbole de contestation : Guy Fawkes.
Une lettre menaçante
« Monseigneur, de l’amour que je porte à certains de vos amis, j’ai à cœur votre sécurité, je vous conseillerais donc, si vous chérissez votre vie, de trouver une excuse pour votre absence à ce Parlement… car même s’il n’y a en apparence pas de remue-ménage, je vous assure pourtant que le coup sera terrible. »
C’est par cette lettre que tout commença. Un soir d’octobre 1605, Lord Monteagle reçoit cette mystérieuse lettre menaçant de faire exploser le Parlement britannique. Épris de peur, Lord Monteagle transmet cette lettre au minsitre du roi Jacques Ier d’Angleterre. Deux perquisitions furent alors faites dans le Parlement le 4 novembre. Une réserve conséquente de bois de chauffage attira l’attention, ainsi que l’homme qui la gardait vêtu d’une cape, de deux bottes et d’éperons. Une tenue plus adéquate pour monter à cheval que pour garder une réserve de bois de chauffage.
L’homme nommé John Johnson avait en sa possession de longues allumettes. Il fut alors arrêté et torturé. Au cours de son interrogatoire, il avoua son vrai nom : Guy Fawkes. Il était un des membres de la conspiration des Poudres.
La conspiration des Poudres
Un demi-siècle plus tôt, l’Angleterre est sujette à une instabilité politique et religieuse. En effet, la Réforme ou schisme anglican scinde le pays en deux. D’un côté, les protestants, de l’autre, les catholiques. Sous le règne d’Elisabeth Ire, la religion catholique était encore interdite. La conspiration des Poudres est alors née quelques années plus tard, à l’initiative de Robert Catesby.
Fort de 13 conspirateurs, ce groupuscule mit en place un attentat contre le palais de Westminster. Thomas Percy occupa une maison proche du palais et loua une réserve dans les sous-sols. Guy Fawkes se présenta comme son serviteur, et les conspirateurs y déplacèrent un certain nombre de barils de poudre. Malgré quelques retards, la décision fut prise. La conspiration des Poudres ferait exploser le palais de Westminster le soir du 5 novembre.
Guy Fawkes céda sous la torture. Les conspirateurs furent arrêtés, sauf Catesby, Percy et Christopher Wright qui furent tués lors d’une fusillade. Fawkes et les autres conspirateurs furent jugés et condamnés pour trahison à la couronne. Et dans une dernière tentative, Guy Fawkes sauta de la potence, se brisant le cou et mourant sur le coup. Son corps fut écartelé et dispersé aux quatre coins de l’Angleterre.
Le Parlement adopte alors la loi de Thanksgiving de 1606, demandant que chaque église d’Angleterre remercie Dieu d’avoir empêché le complot en disant un sermon. Et depuis ce jour, tous les 5 novembre, la Bonfire Night est célébrée en Angleterre. Des effigies de Fawkes sont alors brûlées accompagnées de feux d’artifice.
Le visage de la protestation
Bien que Guy Fawkes ne soit pas le chef de la conspiration des Poudres, il est devenu le plus célèbre des conspirateurs et son visage représente aujourd’hui la contestation populaire. De nombreux activistes arborent son visage comme masque, comme Anonymous dénonçant les atteintes à la liberté d’expression.
Ce visage est aussi celui du personnage principal du film « V pour Vendetta » qui prend place dans une dystopie à Londres. V, un mystérieux révolutionnaire conteste le pouvoir totalitaire en place et annonce qu’il fera exploser le palais de Westminster.