Alors que les inégalités à l’embauche des femmes sont au cœur des sujets de société récurrents, les chercheurs viennent de montrer que, contrairement à ce que reflète à tort l’état d’esprit de certains patrons, les hommes auraient tout intérêt à travailler avec des femmes. Et pour cause, d’après cette étude, les groupes composés de femmes formeraient les groupes les plus intelligents et les plus productifs.
De l’intelligence personnelle à l’intelligence du groupe
S’interrogeant sur le facteur aléatoire de l’efficacité du travail en groupe, un groupe de chercheurs du MIT a conduit en 2010 une vaste étude regroupant 696 participants, visant à déterminer le lien entre intelligence personnelle et adaptation au groupe. Les participants ont été regroupés en groupes de 2 à 6 membres, et ont été confrontés ensemble à de courtes tâches, inspirées du panel de contraintes auxquelles les individus sont confrontés dans le monde réel. Ainsi, une première tâche impliquait des problèmes de logique, une seconde dite de « brainstorming », ou résolution créative, d’autres de coordination, ainsi qu’une dernière de planification et de raisonnement.
Alors que l’intelligence individuelle est mesurée par les scientifiques dans sa globalité (en général, les personnes s’exprimant bien sont également douées pour les mathématiques, même si la plupart d’entre nous ont tendance à considérer que ces deux compétences sont distinctes), les résultats de l’étude ont montré que, de la même façon, les groupes les plus performants s’avéraient être les plus polyvalents.
Ainsi, certaines équipes, à la manière des individus, étaient plus intelligentes que d’autres.
Les femmes, l’atout principal d’un groupe de travail ?
Après étude des résultats, les scientifiques se sont vus confrontés à un constat surprenant : à la surprise générale, les groupes ayant un quotient intellectuel élevé ne réussissaient pas mieux que les groupes au quotient intellectuel inférieur, au contraire. La motivation globale, ainsi que les équipes possédant des individus très extravertis ne réussissaient également pas mieux que les autres, comme on aurait pourtant pu s’y attendre. À l’inverse, les groupes rencontrant un fort taux de réussite réunissaient tous trois caractéristiques. En premier lieu, tous les membres des groupes les plus fructueux participaient de manière égale aux discussions et débats, au lieu de laisser une ou deux personnes diriger le groupe.
De plus, les membres de ces groupes avaient obtenu des résultats plus que satisfaisants à un test intitulé « Reading the mind in the Eyes », ou « Lire les pensées au travers des yeux » en français. Un examen qui permettait de définir la capacité des individus à lire les émotions les plus complexes à travers de photos sur lesquelles les yeux étaient les seules parties du corps visibles.
Enfin, les groupes possédant plus de femmes obtenaient un taux de réussite bien supérieur aux autres. Si le facteur de mixité ne changeait pas drastiquement les performances globales du groupe, les équipes possédant plus de femmes se sont, elles, avérées plus efficaces pour résoudre la batterie de tests. Ce phénomène s’expliquerait par le fait que les femmes sont globalement meilleures pour comprendre les émotions de leurs partenaires de travail, et que cette empathie est un véritable moteur pour le groupe, alors plus enclin à travailler ensemble de manière organisée, apaisée et intelligente, tout en valorisant les qualités de chacun à échelle individuelle. Ce constat pourrait révolutionner le travail d’équipe, élément souvent central du travail en entreprise. Il pourrait s’avérer être un virage très positif en matière de position des femmes souvent sous estimées dans le monde de l’entreprise, ainsi qu’un facteur de croissance important pour les organisations qui favorisent le travail d’équipe.
Si ce résultat illustre une incohérence profonde concernant la place des femmes dans le monde du travail, certains médias vont encore plus loin et réclament, au nom de la justice sociale, une meilleure rémunération du travail féminin en entreprise par rapport à leurs collègues masculins.
Par Alice Mercier, le
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