Série incontournable pour les amateurs de science-fiction, V est une œuvre unique entrée dans la liste des classiques de la télévision dès sa première diffusion dans les années 80. Après avoir influencé de nombreux cinéastes et écrivains, elle fut remise au goût du jour en 2009 et marqua une nouvelle génération de sériephiles. SooGeek revient sur cette création à la fois effrayante et fascinante.
Le 1er mai 1983 débarque sur les petits écrans une mini-série de deux épisodes de 100 minutes qui changera à jamais l’histoire de la science-fiction : c’est sur le réseau de NBC qu’est diffusé le premier épisode de V, créé par Kenneth Johnson. La série sera constituée de 3 mini-séries. Face à son écran, le spectateur américain découvrait l’histoire de Mike Donovan, un journaliste de terrain en pleine enquête sur l’armée américaine alors déployée au Salvador.
Son travail est interrompu quand, dans le ciel, d’immenses bâtiments apparaîssent et surplombent les plus grandes villes du globe. Appelés vaisseaux-mères, ils proviennent tout droit du Système Sirius situé à plus de 8 années-lumière de la Voie lactée et sont dirigés par des êtres d’apparence humaine semblant venir en paix. En effet, après être entrés en contact avec l’ONU, ils annoncent à la population mondiale leur envie d’aider l’humanité à évoluer pour le meilleur en partageant leurs connaissances.
En réalité, ces extraterrestres sont venus dans le but unique de se procurer l’eau de la planète qu’ils pompent massivement et sous leurs traits familiers se cache une race au physique rebutant, semblable à celui d’un serpent. Appelés Reptiliens, ils se nourrissent des hommes et femmes qui, en toute confiance, se sont mis à leur service. Très vite, une armée de résistants s’organise pour contrer ceux qui, jadis, ont aidé à construire un monde meilleur.
Basé sur le roman « Cela ne peut arriver ici » de Sinclair Lewis, V peut être comparé à un grand nombre d’autres œuvres et notamment Les Enfants d’Icare d’Arthur C. Clarke tant les prémices du récit sont semblables. En réalité et tout comme de nombreuses œuvres des années 80, V fut développé en s’inspirant des conflits politiques et constitue une véritable allégorie de la Seconde Guerre mondiale. D’ailleurs, dès le début du premier épisode, un plan est attaché au générique d’ouverture dédiant l’ensemble de la série à « l’héroïsme des combattants et résistants passés, présents et futurs ».
Le titre de la série lui-même est un hommage aux combattants. En effet, contrairement à l’idée qui veut que V signifie Visiteur, la lettre a été choisie pour signifier la Victoire et est d’ailleurs reprise par les résistants de la série comme elle le fut par ceux de la Seconde Guerre mondiale. Utilisant une propagande semblable à celle des nazis, les Visiteurs possèdent une grande ressemblance avec le parti national-socialiste des années 40 et pour cause, la série fut, à ses débuts, créée comme un thriller politique retraçant la montée d’un mouvement fasciste aux Etats-Unis. C’est en souhaitant mêler les envies de Johnson et de la NBC qui voulait avant tout pouvoir diffuser une œuvre de science-fiction, que la série vit le jour.
Tout comme les nazis, les Visiteurs se présentent en sauveurs de l’humanité alors que différentes guerres battent leur plein au 4 coins de la planète et que de nouvelles maladies sont découvertes de jour en jour. Tout comme dans la réalité, l’envahisseur place la jeunesse sur le devant de la scène lors de ses meetings de propagande, une propagande menée en grande pompe via tous les médias de la planète. Petit à petit, l’opposition disparaît, non pas par choix mais parce qu’elle est pourchassée par les Reptiliens : les scientifiques et intellectuels refusant l’ingérence de la race extraterrestre sont les premiers à être mis sous silence. En fin de compte, une loi martiale est mise en place et les citoyens du monde sont convaincus de la nécessité de laisser les pleins pouvoirs à leurs sauveurs, même si cela signifie renoncer à la liberté telle qu’ils la connaissaient auparavant.
La série eut deux suites, mais dès le second essai, des litiges opposant la chaîne et le créateur pousseront Johnson à claquer la porte. D’autres réalisateurs lui succèderont mais sans grand succès, faisant entrer la série parmi les créations kitsch du petit écran. Il faudra attendre 2009, soit 24 ans après la fin de la dernière diffusion de la série, pour voir revenir les Reptiliens sur la planète Terre.
En 2009, la série est remise au goût du jour alors que les chaînes de télévision surfent sur la nouvelle affection des spectateurs pour la science-fiction. Diffusés au compte-gouttes, les épisodes reprennent la même trame que la série originale et ce reboot, réalisé par Scott Peters (Les 4400), est porté par des acteurs connus du petit écran : Joel Gretsch prend part à la résistance avec Elizabeth Mitchell (Lost) et Morris Chestnut (Kick-Ass 2) quand Laura Vandervoort rejoint la lutte contre les envahisseurs, menée par Morena Baccarin (DeadPool) qui interprète la charismatique Anna, commandant suprême des Visiteurs.
Cette fois-ci, le réalisateur centre son travail sur les évènements du 11 septembre 2001 et l’attentat qui, en détruisant les tours du World Trade Center, a ébranlé les Etats-Unis. La menace est de nouveau présente sur le territoire américain et trouve un écho tout particulier dans la série qui attire de nombreux spectateurs lors de sa première diffusion. Malheureusement, V n’a pas rencontré le succès escompté et fut annulée après deux saisons.
Depuis les années 80, V marque fréquemment le petit écran en replaçant son histoire dans un contexte politique et économique moderne. Si les différentes séries ont connu des difficultés de diffusion, elles restent cultes pour de nombreux spectateurs et font l’objet de nombreuses analyses tant elles reflètent leur époque de création. Chez SooGeek, nous avons beaucoup aimé la série de 2009 malgré son annulation rapide : quelle est la version que vous préférez ?