Greenpeace souhaitait diffuser sa nouvelle campagne de communication dans le métro parisien, mais la régie publicitaire des transports parisiens Médiatransports a refusé sous prétexte que celle-ci était “trop politique”. Cette nouvelle campagne avait pour but de dénoncer l’inaction des politiques face au réchauffement climatique. Elle était censée être affichée dans le métro mais également dans le RER.
UNE CAMPAGNE DE COMMUNICATION FRAPPANTE
Cette campagne a été conçue par l’agence Strike. De nombreux visuels ont été dévoilés, qui représentent les onomatopées “BLA BLA” sous forme de métal, de glace, de bois ou de plastique et balayées par les vents lors d’une tornade, emportées par l’eau dans une inondation, s’effondrant dans la banquise et brûlées lors d’incendies. Ces visuels sont accompagnés d’un film de 60 secondes, avec pour fond sonore des extraits de discours tenus par nos derniers présidents Sarkozy, Hollande et Macron.
La superposition de ces propos et de ces images de la nature qui souffre témoigne bien du décalage entre ce qui est dit et ce qui est fait, et rend un effet particulièrement bouleversant. En effet, malgré tous ces beaux discours, la situation environnementale ne semble que s’empirer. Sur les visuels, nous pouvons également lire des phrases choc, comme « Face à l’urgence climatique, les discours ne suffisent pas », “Le gouvernement doit agir » ou encore « Mobilisons-nous pour mettre un terme à l’inaction des décideurs politiques« .
L’agence Strike estime que “c’est l’impact de ces promesses non tenues que nous avons voulu illustrer avec des images fortes. Les discours sont là, mais aucune mesure capitale n’est prise pour que les plus grands pollueurs de la planète fassent immédiatement face à leurs responsabilités et arrêtent de détruire notre écosystème.” En charge de la stratégie dans l’agence, Pierre Bellefleur déclare dans le communiqué : « Il y a urgence et le gouvernement ne cesse de le répéter. Le problème, c’est qu’ils le disent à nous. Ils nous culpabilisent et se rangent du côté des lobbies. Ils déportent la solution sur des comportements individuels au lieu de se tourner vers les entreprises pour les obliger à se transformer. »
UNE CAMPAGNE JUGÉE « TROP POLITIQUE »
En raison de l’urgence climatique, nous pourrions estimer que diffuser ce genre de pub est nécessaire. Mais Médiatransports a refusé, estimant que cette campagne de pub était “trop engagée” mais également « trop politique, bien que les visuels aient été jugés conformes par l’ARPP » (l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité), rapporte Greenpeace dans son communiqué paru le 2 mars. Pourtant, l’objectif de Greenpeace au travers de cette campagne était seulement de rappeler “sur qui reposent les principales responsabilités. C’est bel et bien aux États d’enclencher les changements systémiques dans les modes de production et de consommation pour éviter de voir la planète se réchauffer de 3 °C à 7 °C d’ici à la fin du siècle », comme le déclare leur communiqué.
Le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, fustige une situation aberrante et contradictoire : « Dans un contexte où les alertes des scientifiques se succèdent pour expliquer que nous sommes la dernière génération à pouvoir agir, il est surprenant de constater que Mediatransports considère des affiches rappelant l’urgence climatique comme indignes du métro parisien, alors que les compagnies aériennes par exemple y développent des campagnes d’ampleur, incitant les voyageurs à prendre l’avion comme d’autres prennent le métro. »
Interrogée par Le Monde, Alexandra Lafay, directrice de la communication à Médiatransports, a justifié le refus par le fait que « dans les contrats avec la RATP et la SNCF, nous n’avons pas le droit de diffuser des campagnes qui ont un caractère politique ou religieux en raison d’un devoir de neutralité. Cette campagne ne respecte pas ce devoir de neutralité puisqu’elle mentionne l’inaction des décideurs politiques. »
Nous pouvons cependant voir cette campagne diffusée à Bordeaux, à Lille, à Lyon, à Montpellier et à Toulouse.
Par Jeanne Gosselin, le
Source: Le Monde
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