Le Roundup fait encore parler de lui, enfin l’un de ses composants : le glyphosate. Cette substance, classée « cancérigène probable » par l’OMS en 2015, a été détectée dans des produits alimentaires vendus en grande surface par une ONG française.
La confiance ébranlée
Les résultats de l’étude menée par Générations Futures ont été publiés ce jeudi 14 septembre. L’analyse a porté sur une trentaine d’échantillons : 18 de céréales (petit-déjeuner, pâtes, pains secs…) et 12 de légumineuses sèches, tous achetés en supermarché. C’est lorsque les résultats sont tombés que les craintes de l’ONG ont pris corps. Sur les 30 produits testés, 16 étaient contaminés : 7 céréales sur 8 (soit 87,5 %), 7 légumineuses sur 12 (soit 58,3 %), et 2 pâtes sur 7 (28,5 %). Les membres de l’ONG ont même détecté de l’AMPA – un produit de dégradation propre au glyphosate – dans des boîtes de lentilles et de pois chiches !
Des microdoses, un macro-problème
Générations Futures révèle que les doses de glyphosate contenues dans ces aliments vont « de 40 μg/kg pour une céréale du petit-déjeuner à 2.100 μg/kg pour un échantillon de lentilles sèches. » Une donnée qui ne signifie pas grand-chose si l’on ne peut se référer à un seuil réglementaire qui jugule la concentration de pesticides dans les aliments. Et c’est là le problème que rencontre l’ONG : « Il n’existe pas de limite maximale en résidus pour tous les aliments transformés. » Et quand il y en a une, comme pour les lentilles séchées, ils la considèrent « trop élevée » : 10.000 μg/kg.
Les résultats sidèrent François Veillerette, porte-parole et directeur de l’ONG. Bien que les quantités de glyphosate prélevées sur les aliments ne soient pas assez importantes pour conduire à une intoxication aigüe, ils montrent qu’il y a « urgence pour l’Union Européenne à renoncer à l’usage de cette molécule (…) et à faire évoluer en profondeur son modèle agricole devenu trop dépendant des pesticides de synthèse. »
Commission = corruption ?
En Juillet 2017, contre toutes attentes, la Commission Européenne a proposé le renouvellement de la licence du glyphosate – alors même qu’elle arrivait à expiration ! La nocivité de cette substance n’étant un secret pour personne, parlementaires comme citoyens, l’on comprend mal comment une institution, supposée garantir la sécurité des Européens, ait préféré servir les intérêts d’une multinationale aussi sulfureuse que Monsanto – producteur officiel du Roundup – plutôt que l’intérêt général.
La France a d’ores et déjà annoncé qu’elle voterait contre la proposition de la Commission Européenne. Reste à savoir si les autres pays membres suivront eux aussi la voie de la raison…
Par Matthieu Garcia, le
Source: Sciences et Avenir
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