Une équipe de chercheurs australiens a identifié le gène responsable d’une forme particulièrement agressive de cancer du sein hormono-sensible, pour laquelle les chances de survie se révèlent faibles.
Une forme particulièrement agressive de cancer du sein
Il existe différents types de cancer du sein (sensible ou non sensible aux récepteurs hormonaux, HER 2 positif…), ainsi qu’un vaste éventail de sous-types pouvant impliquer des réponses variables aux traitements. Se développant en réponse aux œstrogènes ou à la progestérone, les cancers du sein hormono-sensibles sont généralement traités plus efficacement que ceux ne présentant pas une telle sensibilité. Toutefois, un petit pourcentage de patientes sont touchées par une forme très agressive, caractérisée par un taux de survie de 50 % seulement.
« Lorsque nous examinons ces cancers, nous constatons qu’ils sont plus importants, qu’ils ont tendance à se propager plus fréquemment aux ganglions lymphatiques et que leur taux de mortalité est plus élevé. C’est pourquoi il nous fallait absolument un moyen de les identifier », explique Pilar Blancafort, épigénéticienne à l’Institut de recherche médicale Harry Perkins et auteure principale de la nouvelle étude, parue dans la revue Nature Communications.
En 2012, un groupe de scientifiques avait établi une classification du cancer du sein appelée Integrative Clustering (IntClust), divisant celui-ci en 10 sous-groupes différents, impliquant des changements génétiques distincts et des résultats cliniques différents. Et il s’était avéré que les tumeurs de l’une des formes de cancer du sein à récepteurs d’œstrogènes positifs (ER+) les plus agressives, appelée IntClust2, étaient caractérisées par une section de l’ADN du chromosome 11 considérablement amplifiée.
Le gène AAMDC, « kit de survie » des tumeurs
Si cette partie du chromosome contenait de nombreux gènes potentiellement cancérigènes (appelés oncogènes) déjà connus, un en particulier, appelé AAMDC, a attiré l’attention des chercheurs australiens. Après avoir examiné 119 échantillons de cancer du sein humain de type luminal B et analysé son degré d’expression dans ces cancers, ceux-ci ont constaté qu’environ 25 % des tumeurs présentaient une amplification de l’AAMDC, principalement dans les tumeurs ER+.
Lorsque l’équipe a abaissé les niveaux d’AAMDC dans les cellules du cancer du sein chez la souris, elle a constaté que celles-ci étaient inhibées et qu’un plus grand nombre de cellules subissaient une mort cellulaire programmée, impliquant que la cellule abandonne sa fonction normale lorsqu’elle se rend compte qu’elle est endommagée. Selon les chercheurs, il s’agit de l’une des principales raisons de la résistance de l’IntClust2 aux traitements hormonaux.
Alors que ceux-ci fonctionnent en privant le cancer des hormones qu’il utiliserait pour se développer, des copies supplémentaires d’AAMDC peuvent le protéger de ce sort. « L’AAMDC peut empêcher les cellules cancéreuses de mourir et maintenir leur croissance lorsque la tumeur est placée dans des conditions où les nutriments sont rares et privée d’œstrogènes, ce qui tuerait la plupart des cancers sensibles aux hormones », souligne Blancafort.
« Par conséquent, nous pensons que la fonction de promotion du cancer de l’AAMDC est d’agir comme un ‘kit de survie’, permettant aux tumeurs de s’adapter à ces conditions en soutenant la croissance et la multiplication des cellules cancéreuses du sein dans des conditions de stress métabolique », ajoute-t-elle.
« Nous pouvons maintenant détecter ces cancers en recherchant des niveaux élevés d’AAMDC dans les cellules tumorales »
Il est intéressant de noter que cette amplification de l’AAMDC se retrouve également dans les cancers de l’ovaire, de la prostate et du poumon, de sorte que ce résultat pourrait également s’appliquer à d’autres types de cancer.
« Nous pouvons maintenant détecter ces cancers en recherchant des niveaux élevés d’AAMDC dans les cellules tumorales », écrivent les auteurs de l’étude. « Il s’agit d’une découverte importante qui, nous l’espérons, améliorera considérablement les chances de survie des patientes souffrant de ce type de cancer du sein. »
Par Yann Contegat, le
Source: Science Alert
Étiquettes: cancer, hormone, sein, gene
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