Une méthode inédite pourrait faire passer la fusion nucléaire d’un rêve lointain à une révolution énergétique imminente.

C’est peut-être l’annonce la plus excitante de cette rentrée scientifique : une société britannique affirme avoir trouvé le chaînon manquant pour rendre la fusion nucléaire non seulement possible, mais rentable.
Son nom ? FLARE, pour Fusion via Low-power Assembly and Rapid Excitation. Son ambition ? Dépasser de 50 fois les meilleurs résultats actuels. Trop beau pour être vrai ? On a creusé le sujet.
FLARE promet un gain énergétique 50 fois supérieur à l’état de l’art
Actuellement, les laboratoires du monde entier planchent sur la fusion nucléaire, ce procédé où des noyaux atomiques se combinent pour libérer une énergie colossale, sans déchets radioactifs durables ni émissions de CO₂. Le problème ? On consomme encore plus d’énergie qu’on en produit pour y parvenir.
First Light Fusion, start-up britannique, affirme pourtant avoir conçu une méthode capable d’atteindre un gain énergétique de 1 000.
Pour bien comprendre : le gain, c’est le rapport entre l’énergie qu’on obtient et celle qu’on injecte. À ce jour, le record mondial est un gain de 4. FLARE promet donc un bond technologique vertigineux. Et même si la société estime qu’un gain de 200 suffirait à rentabiliser la fusion, l’annonce reste extrêmement ambitieuse.
Une double étape inédite : compression douce puis ignition rapide
Traditionnellement, les réacteurs de fusion tentent de chauffer et comprimer leur carburant (souvent un mélange de deutérium et de tritium) en même temps, souvent grâce à des lasers ultrapuissants. Le procédé est complexe, énergivore, et encore loin d’être viable économiquement.
FLARE, au contraire, repose sur une idée très simple mais jamais testée à grande échelle : séparer la compression et l’allumage. On compresse d’abord doucement, puis on provoque une ignition ultrarapide. Cette double étape, selon les ingénieurs, permettrait de maximiser la réaction sans exploser la facture énergétique.
Encore plus malin : plus de lasers ! FLARE mise sur une onde de choc mécanique envoyée à travers une cible, elle-même plongée dans une piscine de lithium liquide. Ce liquide sert de bouclier thermique, de producteur de tritium, et absorbe les neutrons émis pendant la réaction. Moins de composants, moins de maintenance, plus de rendement.
Une architecture simple qui réduit les coûts de production
Attention cependant à ne pas s’emballer trop vite. FLARE est encore en phase de simulation. Si les modèles informatiques confirment bien les projections, aucun test physique n’a encore validé le gain de 1 000. Et entre la théorie et la pratique, l’histoire de la science regorge d’écueils.
Cela dit, les promesses sont alignées avec une réalité industrielle : même un gain de 200 suffirait à rendre la fusion compétitive face au nucléaire classique.
C’est 50 fois le record établi en mai 2025 par le NIF américain. Et l’approche de FLARE, plus simple, plus compacte, semble bien taillée pour une industrialisation rapide, si elle fonctionne.
La fusion devient une réalité crédible pour notre avenir énergétique
Ce qui me fascine dans cette annonce, c’est qu’elle change la nature du débat. On ne parle plus de « est-ce que la fusion est possible ? » mais de « combien de temps avant qu’elle change nos vies ? ».
Le PDG de FLF, Mark Thomas, parle carrément d’un « moment charnière pour le futur de l’énergie« . Peut-être. Mais on a appris à être prudents avec les effets d’annonce. Surtout dans la fusion, où les promesses se comptent en décennies.
Alors oui, soyons curieux, enthousiastes, mais gardons un œil critique. Ce qui est sûr, c’est que l’idée de FLARE pourrait bien redistribuer les cartes d’un secteur qui attend son miracle depuis trop longtemps.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Sciences, Sciences physiques