Les loups sont en augmentation, avec le nombre croissant d’espèces en voie d’extinction, on pourrait penser qu’il s’agit là d’une excellente nouvelle. Cependant, les attaques se multipliant envers les troupeaux des éleveurs ovins (1400 victimes l’an dernier), le Ministère de l’Environnement a mis en consultation publique, fin Janvier, un document ouvrant la voie à deux nouveaux arrêtés qui pourraient autoriser « le prélèvement » de quatre loups supplémentaires, un euphémisme qui sonne le glas pour ces bêtes majestueuses.
Jusqu’à présent, 33 loups ont déjà été tués en France conformément à l’arrêté du 5 juillet 2016, autorisant l’abattage de 36 loups pour protéger les troupeaux. L’État souhaite aujourd’hui autoriser l’ exécution de quatre loups de plus au cas où le plafond serait atteint, ce qui revient en réalité à relever le dit plafond à 40 loups. Un projet d’arrêtés datant du 30 janvier 2017 prévoit donc une première mesure autorisant les tirs de défense envers deux loups quels que soient leur sexe ou leur âge, ainsi qu’une seconde mesure permettant de tuer deux loups de plus au cas où les deux premiers seraient abattus avant juin 2017.
D’après le projet d’arrêtés mis en consultation publique, l’abattage de ces quatre loups n’entacherait pas les possibilités de « stagnation ou de croissance de la population lupine ». Déjà hostile à la réévaluation du plafond sur la période 2015/2016, le Conseil national de protection de la nature a également émis un avis défavorable quant à l’abattage de ces quatre loups. Non seulement les tirs pourraient avoir des externalités négatives, mais en plus la remise en cause successive du plafond anéantit l’essence même de la limite posée par le plafond. Les associations de défense des animaux protestent aussi contre le projet ; contrairement aux dires de l’État, France Nature Environnement doute ainsi que des études scientifiques sérieuses garantissent vraiment la conservation du loup dans son milieu naturel avec un tel plafond.
En plus d’ouvrir la voie à de multiples dérives, l’abattage des loups serait dépourvu d’efficacité. D’après Stéphanie Morelle, chargée de mission du réseau biodiversité à France Nature Environnement, il faudrait éliminer les animaux qui posent problème au lieu de tuer des loups de manière aléatoire pour répondre à des statistiques. Elle explique à juste titre qu’un animal mort ne peut pas apprendre pour s’améliorer, et suggère d’utiliser des balles en caoutchouc à vocation éducative, pour dissuader les loups d’attaquer. En plus d’être inefficace, une étude menée par des biologistes américains, démontre que l’abattage des loups pourrait même aggraver la situation des troupeaux et favoriser la reproduction des loups. Non seulement la dispersion des meutes pousserait ces animaux à se tourner vers des proies sans défense, mais en plus, elle permettrait de réunir les couples reproducteurs.
Pour Jack London, qui n’a jamais entendu le chant du loup ne connaît pas l’écho de la vie elle-même. « Quand l’aurore boréale brillait froide et calme au firmament, que les étoiles scintillaient avec la gelée, et que la terre demeurait engourdie et glacée sous son linceul de neige, ce chant morne, lugubre et modulé sur le ton mineur, avait quelque chose de puissamment suggestif, évocateur d’images et de rumeurs antiques. C’était la plainte immémoriale de la vie même, avec ses terreurs et ses mystères, son éternel labeur d’enfantement et sa perpétuelle angoisse de mort ; lamentation vieille comme le monde, gémissement de la terre à son berceau »
Par Antoine - Daily Geek Show, le
Source: Sciences et Avenir
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