
Des chercheurs japonais ont récemment documenté un phénomène fascinant chez les fourmis, avec des insectes parasites émettant des composés chimiques poussant les ouvrières d’une colonie à tuer leur reine.
Matricide
Le matricide est un phénomène rarement observé chez les fourmis, et lorsque cela se produit, il sert généralement les intérêts des ouvrières. Pour la première fois, Keizo Takasuka et ses collègues l’ont documenté dans un « contexte parasitaire », détaillé dans la revue Current Biology.
Après s’être accouplées, le reines des espèces Lasius orientalis et Lasius umbratus se sont rapidement introduites dans des colonies de L. flavus et L. japonicus, acquérant l’odeur caractéristique de leurs membres au contact de fourmis ouvrières résidentes.
Grâce à ce camouflage olfactif, les intruses ont pu se faufiler discrètement dans ces structures et localiser les reines, qu’elles ont aspergées d’acide formique. « Il s’agit d’une sécrétion caractéristique de la sous-famille des Formicinae [qui inclut le genre Lasius], utilisée par ces insectes à différentes fins », précise Takasuka.
Immédiatement après, les ouvrières hôtes se sont retournées contre leurs propres reines, indiquant que l’acide formique de L. orientalis et L. umbratus les transformaient en menaces prioritaires pour la colonie. Près d’une quinzaine de pulvérisations, espacées de quelques heures, ont été enregistrées avant que ces dernières ne soient tuées et démembrées. Au cours des 10 jours suivants, les reines usurpatrices ont commencé à pondre.

Une approche moins risquée
Décrite par Takasuka comme fascinante et brutale, cette stratégie aurait évolué indépendamment chez ces deux espèces de fourmis parasites.
« Une fois qu’un parasite développe un mécanisme chimique ou de pulvérisation capable de duper les ouvrières hôtes en leur faisant percevoir leur propre reine comme une ennemie, le matricide indirect permet une prise de contrôle de la colonie moins risquée qu’une attaque frontale », résument les auteurs de la nouvelle étude.
Ces dernières années, des recherches ont montré que les fourmis amputaient les membres de leurs camarades blessées pour leur sauver la vie, faisaient les mortes, et pouvaient « déplacer des montagnes » en unissant leurs forces.