Les scientifiques ne cessent de nous surprendre. Après nous avoir scié en prouvant l’existence des licornes – qui vivaient à l’ère préhistorique, ne vous enflammez pas – ils ont récidivé avec une créature de cauchemar : la fourmi-vampire !
La nature est formidable
La découverte de la Fourmi de l’Enfer est digne de Jurassic Park. Pitch : des scientifiques partis mener des fouilles sur le site archéologique de Myanmar, dans la forêt birmane, tombent sur un caillou bien étrange; une pierre couleur miel – de l’ambre. Ce joyau de sève n’est pas une gemme, mais la prison d’une fourmi à l’apparence démentielle. Une créature tout droit sortie d’un Stephen King, équipée d’une énorme corne frontale, et d’une gigantesque paire de faucilles pointant vers le haut.
La Linguamyrmex vladi n’est pas à proprement parlé l’ancêtre de nos fourmis actuelles ; plutôt une cousine éloignée issue d’un groupe-tronc qui vivait au Crétacé et aujourd’hui disparu. Piégé dans l’ambre depuis 98 millions d’années, ce spécimen nous confirme que les fourmis n’ont pas toujours été ces adorables petites bestioles inoffensives que les gamins les plus retors s’amusent à écraser « pour rigoler ».
Un arsenal biologique
L’équipe de l’Institut Technologique du New Jersey, emmenée par Phillip Barden, a découvert des propriétés étonnantes à la Linguamyrmex vladi. Ses mandibules par exemple, sont uniques en leur genre : elle les portaient dressées tandis que celles de fourmis actuelles pointent vers le sol ! Ses mandibules tendues vers le haut comme des faux sont parsemées à leur base de poils déclencheurs; lorsqu’ils entrent en contact avec un corps étranger, ils activent immédiatement la fermeture des puissantes mâchoires. C’est le même mécanisme qu’un piège à ours.
Comme tout prédateur qui se respecte, la Fourmi de l’Enfer ne compte pas sur ses seules mandibules pour venir à bout de sa proie. Elle dispose d’une arme secondaire tout aussi redoutable : une corne renforcée en métal ! Les fourmis, et les insectes en général, sont réputés pour emmagasiner des métaux tels que le calcium, le fer et le zinc dans leurs mandibules, afin de les rendre plus résistantes. Grâce aux métaux présents dans sa nourriture, notre spécimen serait parvenu à renforcer les parties sensibles de son corps tels que la base de sa corne – qui a étrangement la forme d’une pagaie – et son abdomen. Une vraie machine de guerre.
Pourquoi mâcher quand on peut sucer ?
La Linguamyrmex vladi n’est pas un insecte ordinaire. D’ailleurs, son nom scientifique seul le prouve : vladi fait référence à Vlad l’Empaleur, dont s’est directement inspiré Bram Stoker pour le personnage principal de son roman Dracula. La Fourmi de l’Enfer aurait un quelconque rapport avec les vampires ? C’est en tout cas ce qu’avance l’équipe de Phillip Barden.
Les chercheurs ont repéré un canal, une sorte de tube digestif logé entre les mandibules de l’animal; des mandibules relativement inutiles puisqu’elles n’étaient pas taillées pour la mastication. Pour pallier à cet inconvénient, la fourmi s’en serait servie comme de lances, dans le seul but de transpercer ses proies. Immobilisées par ses implacables faucilles et sa corne métallique, les malchanceux n’avaient aucune issue.
Le site archéologique de Myanmar nous avait déjà permis de faire la connaissance de la guêpe sans ailes. Aujourd’hui, c’est au tour de la fourmi-vampire d’être sous les projecteurs. Il y a fort à parier que d’autres spécimens tout aussi monstrueux et cauchemardesques se terrent dans les profondeurs de la forêt birmane…
Par Matthieu Garcia, le
Source: Systematic Entomology
Étiquettes: Birmanie, fourmi, vampire, sang, corne, archeologues, suce, découverte
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