La récente reconstitution 3D du seul cloaque de dinosaure fossilisé connu pourrait offrir aux chercheurs une meilleure compréhension du processus d’accouplement chez les animaux préhistoriques.
Des détails stupéfiants
Présent chez de nombreux animaux (lézards, tortues, oiseaux…), le cloaque est un orifice polyvalent leur servant à la fois à s’accoupler, pondre des œufs, uriner et déféquer. Alors qu’ils étudiaient le camouflage cutané d’un Psittacosaurus en 2016, Jakob Vinther et ses collègues de l’université de Bristol ont remarqué que le cloaque de l’animal était très bien conservé. Les scientifiques ont alors entrepris de numériser le fossile aplati de l’animal afin de générer un modèle en trois dimensions et de comparer l’organe de ce dinosaure à bec cornu mesurant environ un mètre de long à ceux d’autres animaux.
La plupart des oiseaux, qui ont évolué à partir des dinosaures, n’ont pas de pénis et se reproduisent en utilisant le « baiser cloacal », au cours duquel leurs orifices respectifs se touchent. Mais la présence de deux lamelles de peau couvrant l’évent cloacal chez le Psittacosaurus suggère que le processus d’accouplement était différent chez ce dernier.
Selon les auteurs de l’étude, récemment publiée dans la revue Current Biology, cette configuration se révèlerait plus proche de celle du cloaque d’un crocodile (duquel émerge un pénis chez les spécimens mâles) que d’un oiseau. Par ailleurs, il est également probable que les lamelles de peau observées chez Psittacosaurus abritaient des glandes musquées, produisant des effluves susceptibles d’attirer ses potentiels partenaires.
L’analyse réalisée a également montré que le cloaque du dinosaure contenait de grandes quantités de mélanine, un pigment qui, selon les chercheurs initialement, aurait eu un rôle protecteur face aux infections microbiennes, mais dont la présence dans les couches supérieures de la peau plutôt qu’à l’intérieur du corps suggère qu’il servait plutôt à mettre l’orifice cloacal en évidence. Qualifiée « d’inhabituelle », cette signalisation visuelle suggère qu’à l’instar des chiens, les Psittacosaurus auraient pu être amenés à se renifler l’arrière-train.
Une analyse inédite qui pourrait en appeler d’autres
« Nous n’avions jamais eu une vue aussi proche et intime d’un dinosaure auparavant, du moins en ce qui concerne cette partie de l’anatomie », a estimé Thomas Holtz de l’université du Maryland. « Toutefois, la description du cloaque d’un seul et unique spécimen rend difficile l’extrapolation de la typicité de ces caractéristiques au Psittacosaurus, ou même aux dinosaures en général. »
Bien qu’il admette que la probabilité de mettre au jour des fossiles incluant des structures sexuelles molles préservées soit particulièrement faible, Vinther espère que cette première analyse du cloaque d’un dinosaure poussera d’autres chercheurs à réexaminer les fossiles existants afin d’en apprendre davantage sur la façon dont ces créatures préhistoriques attiraient leurs partenaires.
Par Yann Contegat, le
Source: Eurekalert
Étiquettes: fossile, cloaque, psittacosaurus, dinosaure
Catégories: Actualités, Histoire