Constituant la première preuve formelle de l’existence de cet organe sexuel chez les serpents, de nouvelles recherches ont montré que les femelles de neuf espèces possédaient un clitoris en deux parties, connu sous le nom d’hémiclitoris.
Un organe sexuel en deux parties
Si l’appareil génital des serpents mâles a été largement étudié au fil des décennies, celui des femelles est loin d’avoir bénéficié d’autant d’attention, et la question de savoir si les femelles possédaient ou non un clitoris restait jusqu’à présent largement débattue. Afin d’y répondre de façon définitive, Megan Folwell et ses collègues de l’université d’Adélaïde ont procédé à la dissection de spécimens de différentes espèces, provenant des archives zoologiques de l’université du Michigan.
« Il n’a pas fallu chercher longtemps », explique la chercheuse australienne. « Vous retirez simplement la peau et c’est juste là devant vous. » Détaillés dans la revue Proceedings of the Royal Society B, ces nouveaux travaux ont révélé la présence d’un hémiclitoris, situé sur la face intérieure de la queue des reptiles, chez les neuf espèces étudiées, suggérant fortement que l’ensemble des serpents femelles en possèdent un.
Les dissections et les scans microtomographiques ont révélé des différences notables en termes de taille et de structure entre les différentes espèces, comprenant notamment la vipère de la mort (Acanthophis antarcticus), le serpent laitier du Guatemala (Lampropeltis abnorma) ou encore le python tapis (Morelia spilota). L’hémiclitoris le plus imposant étant observé chez le serpent mocassin mexicain (Agkistrodon bilineatus), et le plus petit chez le serpent brun d’Ingram (Pseudonaja ingrami).
Des organes constitués de faisceaux de nerfs et de tissus érectiles
L’équipe a également découvert que, à l’instar des hémipénis des serpents et des lézards mâles, les hémiclitoris des femelles étaient constitués de faisceaux de nerfs et de tissus érectiles, mais toutefois dépourvus des épines et crochets caractéristiques observés chez ces derniers.
Selon Folwell, l’innervation et le tissu érectile des hémiclitoris, ainsi que leur position près de la lèvre postérieure du cloaque où la peau est plus fine, permettraient potentiellement une stimulation lors de l’accouplement.
« De tels travaux fournissent des preuves indiscutables de l’existence du clitoris chez les serpents, ainsi qu’un aperçu précieux de sa taille et de sa complexité », commente Richard Shine, de l’université Macquarie. « C’est un grand bond en avant dans notre compréhension de l’anatomie sexuelle des reptiles. »