L’interaction entre la glycémie et l’appétit se révèle étonnamment complexe. De récentes recherches montrent que les niveaux de glucose sanguin plusieurs heures après avoir mangé peuvent avoir un effet prononcé sur la faim ressentie plus tard dans la journée.
De brusques chutes glycémiques plusieurs heures après les repas
Présentée dans la revue Nature Metabolism, cette nouvelle étude menée par des chercheurs britanniques révèle que certaines personnes sont sujettes à de brusques « chutes glycémiques » deux à quatre heures après leur dernier repas. Une réponse différée s’avérant être un indicateur plus précis de l’appétit et de la consommation énergétique de l’organisme que les niveaux de glucose postprandiaux.
« On soupçonne depuis longtemps que la glycémie joue un rôle important dans la gestion de la faim, mais les résultats des études précédentes n’étaient pas concluants », explique Sarah Berry, du King’s College de Londres. « Nous venons de montrer que les baisses de glycémie représentent un meilleur indicateur de la faim et de l’apport calorique ultérieur que le pic de glycémie initial après un repas, ce qui bouleverse notre vision de la relation entre cette dernière et les aliments que nous consommons. »
S’appuyant sur les bases de données du projet PREDICT, les chercheurs ont examiné les fluctuations de la glycémie et d’autres indicateurs chez 1 070 sujets britanniques et américains, ayant pris des petits déjeuners standardisés suivis de repas libres le reste de la journée, avec un délai de trois heures observé entre le petit déjeuner et le repas suivant. Durant les deux semaines de l’expérience, le taux de glycémie des participants avait été suivi en permanence grâce à des glucomètres, et ceux-ci avaient également dû renseigner les aliments consommés et évaluer leur niveau de faim durant la journée via une application smartphone.
L’analyse de l’ensemble des données recueillies a montré que les baisses de glycémie que certains connaissaient quelques heures après avoir mangé étaient associées de façon significative aux niveaux d’appétit et à l’apport énergétique chez les personnes en bonne santé.
300 calories supplémentaires par jour
Si la plupart des recherches actuelles se concentrent sur le rôle des signaux chimiques, comme la protéine leptine et d’autres hormones dites de la faim, cette nouvelle étude montre que l’analyse des niveaux de glucose reste pertinente. Selon l’équipe, les sujets présentant de fortes baisses de glycémie connaissaient une hausse de 9 % de leur appétit et prenaient leur prochain repas une demi-heure plus tôt, ce qui se traduisait par un apport supplémentaire de 300 calories sur la journée par rapport à ceux qui ne connaissaient que de légères baisses.
« La mise en évidence de l’important impact des chutes glycémiques sur la faim et l’appétit a d’importantes implications pour le compréhension et le contrôle de notre poids et de notre santé à long terme », estime Ana Valdes, épidémiologiste à l’université de Nottingham et auteure principale de l’étude. « De nombreuses personnes ont du mal à perdre du poids et à ne pas le reprendre, et quelques centaines de calories supplémentaires chaque jour peuvent se traduire par la prise de plusieurs kilos sur une année. »
Bien que l’étude présente certaines limites (résultats auto-déclarés et hormones de l’appétit non mesurées au cours de l’expérience), ses auteurs affirment qu’elle fournit des preuves quantitatives des liens entre la dynamique du glucose, l’appétit et l’apport énergétique.
Par Yann Contegat, le
Source: Science Alert
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