Une étude menée par des chercheurs ivoiriens montre un déclin généralisé et catastrophique des populations d’éléphants de forêt dans ce pays d’Afrique de l’Ouest au cours des dix dernières années.
Une disparition de 86 % de la population d’éléphants de forêt au cours des dernières décennies
À l’époque précoloniale et coloniale, la Côte d’Ivoire accueillait probablement l’une des plus grandes populations d’éléphants d’Afrique de l’Ouest, d’où son nom. Mais au cours des trois dernières décennies, les populations de pachydermes ont fortement diminué, principalement en raison du défrichement des forêts à des fins agricoles.
Constatant que les données concernant les populations de pachydermes de Côte d’Ivoire dataient d’au moins une décennie, et que la plupart des études n’avaient pas suivi un protocole standardisé, une équipe de chercheurs de l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan a entrepris d’actualiser les informations concernant la distribution et le statut de conservation des éléphants de forêt. Pour ce faire, ceux-ci se sont appuyés sur le comptage d’excréments, sur le nombre d’altercations entre hommes et pachydermes recensées dans les médias locaux et sur des entretiens avec des acteurs de terrain entre 2011 et 2017.
Présentés dans la revue PLOS ONE, leurs travaux ont notamment permis d’établir qu’en Côte d’Ivoire, les éléphants de forêt étaient passés de 1 611 spécimens en 1994 à seulement 225 aujourd’hui, soit une disparition de 86 % de leur population au cours des dernières décennies.
« Les éléphants peuvent être mieux protégés »
Sur les 25 zones protégées étudiées, la présence d’éléphants a été confirmée dans seulement quatre d’entre elles, où la densité des pachydermes était faible. Les chercheurs ont par ailleurs constaté que plus de la moitié de ces zones avaient été complètement converties en domaines agricoles ou colonisées par les humains. Sans surprise, les zones protégées bénéficiant des niveaux de protection plus élevés étaient les plus susceptibles d’accueillir les populations d’éléphants les plus importantes.
La présence d’éléphants à l’intérieur des zones protégées était également conditionnée par l’importance de la présence humaine, la dégradation de l’habitat et la proportion de forêts converties en plantations de cacao. Selon les auteurs, des mesures de conservation agressives seront nécessaires pour protéger les populations restantes d’éléphants en Côte d’Ivoire.
« Les éléphants de forêt vont disparaître si des mesures immédiates ne sont pas mises en œuvre pour sauvegarder la population restante », concluent les auteurs de l’étude. « Le Ghana voisin a démontré qu’avec des raids dans les magasins d’ivoire et des rangers plus efficaces dans les réserves naturelles, les éléphants peuvent être mieux protégés. »
Par Yann Contegat, le
Source: Science Daily
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