Ce mardi 4 août, le Liban a été secoué et frappé de plein fouet par une double explosion d’une violence inouïe survenue sur le port de Beyrouth, la capitale libanaise. Une grande partie de la ville a été ravagée. A l’heure où nous écrivons, plus de 100 personnes ont été tuées et plus de 4 000 autres ont été blessées.
Une double explosion d’une violence inouïe
Vers 18 h 10, soit 17 h 10 heure de Paris, une double explosion d’une violence extrême a frappé la capitale libanaise, Beyrouth. D’après de multiples vidéos publiées sur les réseaux sociaux, un incendie se produisait déjà dans des bâtiments situés sur les quais du port de la ville lorsqu’une explosion a provoqué un souffle très important puis une colonne de fumée extrêmement haute dans le ciel.
Abbas Ibrahim, directeur général de la sûreté générale, a également rapporté que les explosions dans un entrepôt du port avaient sûrement été causées par des “matières explosives confisquées depuis des années”. Puis, le Conseil supérieur de la défense s’est réuni en urgence et a annoncé que ces explosions étaient causées par une explosion de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium dans le port. Ce corps chimique se trouve dans certains engrais mais aussi dans certains explosifs. Dans un contexte de tensions avec le Hezbollah dans le sud du Liban, Israël a de surcroît annoncé n’avoir “rien à voir avec cet incident”, d’après un responsable israélien ayant souhaité rester anonyme.
Par ailleurs, d’après plusieurs témoins, les déflagrations ont été entendues jusqu’à plus de 200 km des côtes libanaises, soit jusqu’à la ville côtière de Larnaca, à Chypre. Les vitres d’immeubles et de magasins situés à des kilomètres ont même volé en éclats. Juste à côté du quartier du port, les dommages sont des plus considérables. De plus, l’onde de choc était si violente qu’elle a provoqué la destruction partielle voire totale de bâtiments ainsi que des incendies et dégâts dans toute la ville sur plusieurs kilomètres. Selon le dernier bilan de la Croix-Rouge libanaise, plus de 100 personnes ont trouvé la mort et plus de 4 000 autres ont été blessées. Un bilan humain déjà très lourd qui n’est malheureusement que provisoire.
Des hôpitaux débordés et de multiples appels au don de sang
A la suite de cette double explosion, les secours ont immédiatement été appelés en renfort. Ambulanciers et pompiers se sont alors précipités pour venir en aide. Par ailleurs, nombreux sont les habitants blessés ou couverts de sang à avoir marché jusqu’aux hôpitaux. Des hôpitaux qui ont néanmoins été rapidement débordés. Dans le quartier d’Achrafieh, des blessés se sont précipités vers l’Hôtel-Dieu, puis des dizaines de blessés, y compris des enfants, attendaient désespérément pour entrer dans le centre médical Clémenceau.
“J’étais chez moi lorsque le souffle de l’explosion a tout emporté. Le plafond de mon appartement s’est effondré, et avant même de me rendre compte de ce qui se passait, j’étais en sang, blessé à la tête. Immédiatement, on a entendu le bruit des alarmes de voiture, les hurlements des gens, des pleurs, des pas pressés sur le verre brisé qui recouvrait le sol des rues et des appartements. Je me suis rendu à l’hôpital Rizk vers 18 h 30, qui était pris d’assaut”, a par exemple rapporté au Monde George Haddad, directeur de l’ONG Aleph.
La Croix-Rouge libanaise a de surcroît appelé sur Twitter les habitants à donner en urgence leur sang, où qu’ils soient dans le pays. “Nous assistons à une terrible catastrophe. Il y a des morts et des blessés partout, dans toutes les rues et dans tous les quartiers, qu’ils soient proches ou éloignés de l’explosion”, a rapporté le chef de la Croix-Rouge libanaise, George Kettani. “C’est une catastrophe dans tous les sens du terme. Les hôpitaux de la capitale sont tous pleins de blessés”, a ajouté Hamad Hassan, ministre de la Santé.
Un appel à une aide internationale plus qu’urgente
Face à l’ampleur de cette catastrophe, Hassan Diab, Premier ministre libanais, a fait appel à une aide internationale plus qu’urgente. Il a ainsi lancé “un appel urgent à tous les pays amis et les pays frères qui aiment le Liban à se tenir à ses côtés et à nous aider à panser nos plaies profondes. Ce qui s’est passé aujourd’hui ne passera pas sans que des comptes soient rendus.” “ll est inadmissible qu’une cargaison de nitrate d’ammonium, estimée à 2 750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution. C’est inacceptable et nous ne pouvons pas nous taire sur cette question”, a-t-il également ajouté devant le Conseil supérieur de la défense.
Ce mercredi matin, Beyrouth a été déclarée “ville sinistrée” et les autorités ont déclaré un jour de deuil national prévu ce jour “pour les victimes de l’explosion du port de Beyrouth”. “Une réunion d’urgence” du Conseil supérieur de la défense a également été annoncée par Michel Aoun, président libanais.
Suite à ces nombreux appels, la France a annoncé qu’elle se tenait “aux côtés du Liban”. “Des secours et moyens français sont en cours d’acheminement sur place”, a rapporté sur Twitter Emmanuel Macron.
Les États-Unis ont de surcroît exprimé leur “sympathie” envers le Liban en ajoutant que le pays se tient “prêt” à apporter de l’aide. Par ailleurs, le Royaume-Uni a annoncé être aussi prêt à aider le Liban. “Le Royaume-Uni est prêt à apporter son soutien de toutes les manières possibles, y compris aux ressortissants britanniques touchés”, a notamment rapporté Boris Johnson, le Premier ministre britannique. Le gouvernement israélien s’est également adressé au gouvernement libanais afin d’offrir une aide humanitaire et médicale à Beyrouth.
Enfin, il faut savoir que le Liban est déjà touché par la corruption et d’importantes difficultés économiques depuis des décennies. “On a beau tous être des survivants dans ce pays, on ne peut pas survivre à tout. Et la colère est immense, car le Liban n’en peut plus. Il y a au cours des derniers mois cette nouvelle crise politique qui n’en finit pas, la cherté de la vie qui pousse les gens ordinaires dans la misère, et maintenant, symboliquement, la destruction de notre ville”, a témoigné au Monde l’écrivaine libanaise Hyam Yared.
Par Cécile Breton, le
Source: Le Monde
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