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En France, c’est près de 1 400 personnes qui ont été les victimes malheureuses de d’exploitation sexuelle en 2016. Un chiffre impressionnant qui fait de l’exploitation sexuelle la principale forme de traite d’êtres humains. Mais bientôt, cette dernière ne pourrait être plus qu’un mauvais souvenir. Grâce à une intelligence artificielle, les lieux de détention des victimes pourraient être plus facilement identifiés et les trafiquants arrêtés et jugés. Explications.

 

Les enfants et les femmes particulièrement touchés

Dans le monde, on estime que 4,8 millions d’individus dans le monde seraient victimes de l’exploitation sexuelle. Plus d‘un million de victimes de ce trafic seraient âgés de moins de 18 ans. Des chiffres affolants, contre lesquels Amnesty International a annoncé vouloir lutter avec force et conviction.

Car si les enfants sont particulièrement touchés par cette exploitation sexuelle, les jeunes femmes immigrées, souvent sans papiers, sont souvent contraintes à la prostitution pour pouvoir survivre dans leur pays d’accueil. Un fléau qui touche donc les populations les plus vulnérables, poussant l’association à but non lucratif à employer tous les moyens possibles pour interpeler les suspects.

 

Un système audacieux et perfectionné

C’est tout naturellement qu’Amnesty International, en étroite collaboration avec la police, s’est tourné vers une solution que beaucoup considèrent comme le futur de notre civilisation : l’intelligence artificielle. Le but de ce système ? Identifier précisément les hôtels et locations dans lesquels les victimes sont retenues pour procéder à une arrestation en bonne et due forme.

Se basant sur le mode opératoire des trafiquants, qui ont pour habitude de prendre des photos de leurs victimes dans diverses chambres d’hôtels, ensuite utilisées dans les annonces d’escorts en ligne. Pour contrer ces méthodes, les experts et les scientifiques mettent au point un logiciel d’apprentissage automatique pour aider la police et les associations à identifier les lieux de détention des victimes, en se basant sur les modèles reconnus sur les images d’annonce.

Pour ce faire, un groupe de chercheurs de l’Université George Washington, de l’Université Temple à Philadelphie ont construit un vaste ensemble de données contenant plus d’un million d’images issues de 50 000 hôtels dans le monde. Ainsi, chercheurs et associations espèrent que cet ensemble de données aidera les développeurs à former des réseaux de neurones capables de localiser la victime en quelques secondes, à partir de l‘arrière-plan de leur annonce en ligne.

 

Un outil qui devrait permettre l’arrestation de nombreux trafiquants dans le monde entier  

Pour affiner la recherche de lieux, l’intelligence artificielle est approvisionnée en une multitude de détails, qui, s’ils semblent anodins, pourront faire toute la différence pour la reconnaissance par l’intelligence artificielle : les rideaux, le papier peint, les couvres lits… le voisinage aperçu à travers un fenêtre peut également être un bon indicateur de l’emplacement d’un lieu. Cependant, identifier l’emplacement d’un hôtel en fonction d’une photo peut s’avérer extrêmement difficile, car la plupart des hôtels se ressemblent dans l’organisation de la chambre et la disposition du décor. C’est la raison pour laquelle de nombreuses images sont nécessaires, avec différents angles et différentes luminosités par exemple, pour enseigner à l’intelligence artificielle la différenciation des diverses chaînes hôtelières.

Pour cela, les enquêteurs et spécialistes peuvent compter sur l’aide de sites et d’applications comme TraffickCam, qui avec l’aide des utilisateurs, collecte de multiples photos prises dans les hôtels et les locations. Ces données sont précieuses, car elles répertorient des photos bien plus réalistes et moins aseptisées que celles présentées par les diverses agences de voyage et chaînes d’hôtels, donc potentiellement plus proches des photos granuleuses prises par les trafiquants sexuels.

Selon les concepteurs, des progrès restent à faire sur la conception de cette intelligence : les chercheurs reconnaissent que l’intelligence artificielle identifiait le bon hôtel dans les 100 premiers résultats 24 % du temps. Un résultat qui peut sembler faible, mais qui est certainement non négligeable à l’échelle de l’exploitation sexuelle dans le monde. De plus, nul doute que les avancées en matière de recherches et que l’agrandissement progressif de la base de données pourra mener à un affinement des résultats de recherche. En attendant, l’outil est pris très au sérieux par certaines associations qui ont fait le choix de déjà l’utiliser, comme c’est par exemple le cas du Centre National américain des enfants disparus et exploités (NCMEC).

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