
Le réexamen d’un squelette découvert au début des années 1990 au bord de la Tamise a révélé un rare cas d’« exécution judiciaire » ciblant une femme au début du Moyen Âge.
Des lésions évocatrices
Alors qu’elle préparait son doctorat en 2014, Madeleine Mant, de l’université de Toronto, avait été intriguée par des ossements féminins conservés au musée de Londres. Si l’examen initial avait permis d’estimer l’âge de ces témoignages mis au jour près du pont de Southwark à 1 200 ans, et concluait à une exécution, la scientifique et ses collègues ont examiné en détail les lésions du squelette et procédé à une analyse isotopique des dents.
Des fractures partiellement cicatrisées au niveau des omoplates suggèrent qu’elle a été battue ou fouettée environ deux semaines avant de recevoir des coups mortels à la mâchoire et au crâne. La datation des résidus organiques (mousse, roseaux et bois) indique que son corps, entouré de poteaux en bois, a ensuite été exposé sur l’estran de la Tamise, restant probablement visible même à marée haute.
Les concentrations d’isotopes de son émail dentaire indiquent de leur côté qu’elle résidait depuis longtemps à Londres.
« Le laps de temps qui s’est écoulé entre ces sévices et la mort est particulièrement choquant », estime Mant, auteure principale de la nouvelle étude, publiée dans la revue World Archaeology. « C’était vraiment cruel et inhabituel. »

Une mort lente probablement destinée à servir d’avertissement
Les raisons d’un tel traitement restent floues. À cette époque, la peine capitale était réservée aux coupables de meurtres et de vols, en grande majorité des hommes. L’analyse de squelettes découverts dans des cimetières médiévaux aux abords de Londres indique des morts par décapitation, sans souffrances prolongées.
N’excluant pas la possibilité que la malheureuse ait été considérée comme une sorcière,
Alexandra Sanmark, de l’université des Highlands, estime que ces nouveaux travaux renforcent l’idée d’une exécution judiciaire, avec une mort lente probablement « destinée à servir d’avertissement ».
« Il se peut même qu’on l’ait laissée se noyer sous la marée montante, après les coups portés à la tête », ajoute-t-elle.
Plus tôt cette année, une étude intrigante avait révélé que des cadavres étaient jetés dans la Tamise depuis 6 000 ans.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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