Si les mammouths laineux étaient réputés pour leurs longs poils, leur permettant d’évoluer dans des environnements glacials, de nouvelles analyses remettent en question l’idée que ces géants préhistoriques aient toujours présenté un tel attribut.
Éclairer l’évolution physique et physiologique des mammouths laineux
Des chercheurs suédois ont récemment comparé les génomes de 23 mammouths laineux de Sibérie (Mammuthus primigenius) à ceux de de 28 éléphants d’Asie (Elephas maximus) et éléphants d’Afrique (Loxodonta) modernes. Publiés dans la revue Current Biology, ces travaux éclairent l’évolution de certaines de leurs caractéristiques physiques et physiologiques les plus emblématiques.
« Nous voulions savoir ce qui faisait d’un mammouth un mammouth laineux », avance David Díez del Molino, paléontologue au Centre de paléogénétique de Stockholm et auteur principal de la nouvelle étude.
« Les mammouths laineux présentent des attributs distinctifs, notamment une fourrure épaisse et de petites oreilles, auxquels on s’attend évidemment en se basant sur l’aspect des spécimens congelés, mais il existe également de nombreuses autres adaptations, comme le métabolisme des graisses et la perception du froid, qui ne sont pas aussi évidentes parce qu’elles interviennent au niveau moléculaire », souligne le chercheur.
Dans l’ensemble, il s’est avéré que le génome de Chukochya, vieux de plus de 700 000 ans et appartenant à l’un des plus anciens mammouths laineux connus, partageait environ 91,7 % des mutations qui ont provoqué des changements dans le codage des protéines chez les mammouths laineux plus modernes.
Des caractéristiques déjà présentes lorsque le mammouth laineux a divergé du mammouth des steppes
Selon les auteurs de l’étude, de tels résultats impliquent que les gènes à l’origine de la fourrure duveteuse, des dépôts de graisse et de la capacité à résister au froid existaient déjà lorsque le mammouth laineux a divergé du mammouth des steppes (Mammuthus trogontherii), mais que de telles caractéristiques ne seraient apparues que plus tard.
L’équipe a également découvert que ces géants hirsutes avaient évolué pour avoir du cérumen sec et que leur odeur corporelle avait diminué.
« Nous avons trouvé des gènes très évolués liés au métabolisme et au stockage des graisses que l’on retrouve également chez d’autres espèces arctiques comme le renne et l’ours polaire, ce qui signifie qu’il existe probablement une évolution convergente de ces gènes chez les mammifères adaptés au froid », conclut Díez del Molino.