Si vous êtes amateur de science-fiction, de fantaisie ou de films d’action, alors vous avez certainement remarqué l’évolution remarquable qu’ont connue les effets spéciaux ces dernières décennies. Pour vous rafraichir la mémoire et vous replonger à l’époque des premiers effets, la chaîne YouTube Burger Fiction a listé les grands gagnants de l’Oscar des meilleurs effets visuels. Retour sur l’histoire du cinéma.
Les Ailes
En retraçant les films oscarisés pour leurs effets spéciaux de 1927 à 2014, la chaîne YouTube Burger Fiction a réalisé un travail titanesque. Tout simplement nommée « Every Best Visual Effects Winner Ever« , la vidéo débute sa rétrospective en 1927 avec Les Ailes (Wings), un film muet centrant son histoire sur Jack Powell et David Armstrong, deux jeunes hommes enrôlés dans l’armée durant la Première Guerre mondiale. Les effets visuels de ce film sont remarquables et pour cause, avec un budget de seulement 2 millions de dollars, les réalisateurs ont dû enregistrer des scènes sans trucages. De façon à offrir la meilleure expérience cinématographique possible, les acteurs ont eux-mêmes piloté les avions que l’on peut observer durant la vidéo. Certaines scènes à risque furent tout de même réalisées par des cascadeurs et devant l’ampleur de la tâche et la dangerosité des situations, le tournage connut quelques accidents : un des cascadeurs fut blessé et le second trouva la mort dans une chute de plusieurs mètres.
Les Gars du large
Le second film de la vidéo nous fait faire un bond dans le temps jusqu’en 1938 : Les Gars du large est une œuvre dramatique avec Henri Fonda dont l’histoire prend place en Alaska et qui nous fait découvrir le destin de deux hommes, amis depuis toujours dont la relation se détériore suite aux actions criminelles de l’un d’entre eux. Pour le tournage, toute l’équipe du film, dirigée par Henry Hathaway, s’est déplacée dans le 49ᵉ État des États-Unis avant de se replier vers la Californie. La Paramount, chargée de la production du film, a fait construire un immense réservoir d’eau permettant aux caméramans de filmer les gros plans nécessaires à la construction du film et a aussi recréé tout un village de pêcheurs sur la côte de Californie du Sud.
La Mousson
Diffusé pour le première fois en 1939, La Mousson (The Rains Came) nous dévoile une histoire d’amour dramatique entre une femme bourgeoise mariée à un haut fonctionnaire qui tombe follement amoureuse d’un médecin indien, Rama Safti. Fascinée par l’homme et par son travail, elle décide de quitter sa vie pour rejoindre celui qu’elle aime pour sauver des vies. En grande partie réalisé en studio, le film aura marqué le jury des Oscars grâce à une scène sublime, dépeignant une catastrophe due à la mousson : une inondation y détruit le barrage de la ville, provoquant l’effondrement d’un temple et condamnant ses habitants à une mort certaine. Des milliers de litres d’eau furent utilisés pour la scène et le travail des techniciens fut salué lors des Oscars : à la surprise générale, ils gagnèrent la statuette alors que la même année, Le Magicien d’Oz était donné gagnant par le public.
Le Voleur de Bagdad est un film britannique datant de 1940 et relatant de légendes et de contes plus fantastiques les uns que les autres tels que Les Mille et Une Nuits. Remake d’un film de 1924, Le Voleur de Bagdad fut, dans un premier temps, tourné au Royaume-Uni avant de déménager pour les Etats-Unis au début de la Seconde Guerre mondiale. Pour relater de scènes tirées de contes légendaires, les équipes chargées des effets spéciaux durent rivaliser de créativité en jouant avec les perspectives, plongée et contre-plongée tant l’univers du film est fantastique. De plus, le film utilise la technique alors novatrice du technicolor.
L’Escadrille des jeunes
Quatrième film de cette vidéo, L’Escadrille des jeunes (I Wanted Wings) est un film américain sorti en 1941 qui narre les efforts de trois jeunes Américains souhaitant devenir pilotes durant la Seconde Guerre mondiale. Pour ce faire, ils s’enrôlent dans l’armée et passent une à une, toutes les épreuves de l’entraînement mais en fin de compte, seul l’un d’entre eux pourra voler et, comme l’annonce le titre, obtenir ses ailes. Le film aura nécessité le travail de nombreux hommes et femmes, y compris de militaires mis à disposition par l’armée de l’air américaine : le tournage eut lieu sur la base de Randolph où les avions utilisés par l’armée furent mis à disposition du réalisateur Mitchell Leisen et de ses équipes. De plus, Leisen prit soin de s’entourer des meilleurs : Elmer Dyer, alors considéré comme le meilleur (et premier) caméraman aérien du cinéma donna de nombreux conseils a l’équipe du tournage, leur assurant l’obtention de l’Oscar.
Requins d’acier
Cash Dive, ou Requins d’acier, est un film américain de 1942 dont l’histoire se déroule dans un sous-marin durant la Seconde Guerre mondiale. Le lieutenant Ward Stewart et le commandant Dewey Connors sont tous les deux amis jusqu’au moment où ils découvrent qu’ils partagent tous les deux leur vie avec la même femme. Ils devront mettre leur discorde de côté après avoir découvert une base sous-marine nazie en plein milieu de l’Atlantique. Dans le but de créer un effet réaliste, le film fut tourné dans une base sous-marine du Connecticut avec de vrais sous-marins obtenus par la 20th Century Fox grâce à l’armée. Toutefois, seules les scènes banales furent réalisées avec le matériel de l’armée : en temps de guerre, il fut bien évidemment interdit aux équipes de cinéastes de manœuvrer les vaisseaux.
Trente secondes sur Tokyo
Nous continuons notre rétrospective des films primés pour leurs effets avec Trente secondes sur Tokyo (Thirty secondes over Tokyo) qui s’inscrit, au même titre que quelques-unes des œuvres présentées ci-dessous, parmi les créations ayant servi à la propagande de guerre américaine. Sorti en 1944, il retrace le raid de Doolittle, le premier bombardement effectué sur le territoire de l’Empire du Japon. Estimé à 6 minutes, le raid resta dans l’histoire comme ayant duré 30 secondes, d’où le titre du film. De façon à proposer au spectateur un long métrage se rapprochant au mieux de l’évènement, le réalisateur s’est entouré de vrais militaires ayant vécu les faits de l’intérieur en tant qu’officiers mobilisés durant le conflit. Le tournage a pris place sur le lieu de départ des avions, les bases de Hurlburt Field et Peel Field en Floride. Nécessitant un porte-avions pour les besoins du film, la société de production a contacté l’armée qui a, bien évidemment, refusé de leur prêter un bâtiment en temps de guerre. Leur but était de recréer l’USS Hornet, un porte-avions dont la présence à marqué la Seconde Guerre mondiale mais qui avait été coulé en 42 par les troupes ennemies. Pour le recréer, des décors réalistes furent fabriqués et les enregistrements étaient entrecoupés d’archives d’actualité.
Blithe Spirit, le 9e film présenté dans cette vidéo, est une création britannique inspirée d’une pièce de théâtre du même nom. L’histoire est celle de Charles Condomine, un homme marié souhaitant entrer en contact avec l’au-delà. Chose qu’il parvient à faire durant une séance d’exorcisme qu’il organise avec ses amis : sans le faire exprès, il contacte sa première femme, morte il y a quelques années de cela. Vous l’aurez compris, tout l’art de David Lean, le réalisateur, aura été de faire apparaître le fantôme d’Elvira en transparence et de rendre sa présence à la fois mystique et effrayante. Première comédie de Lean, le film fut tourné en technicolor et ne reçut l’Oscar qu’en 1947, sa sortie en salle ayant été retardée d’un an.
Destination… Lune !
Avec ce film daté de 1950, le spectateur voyage dans l’espace aux côtés du docteur Cargraves et du général Thayer qui, ensemble, vont faire leur possible pour envoyer l’homme sur la Lune. Irving Pichel, le réalisateur, s’est entouré d’auteurs de science-fiction pour plonger au mieux le public dans son histoire : Robert A. Heinlein l’a aidé sur le tournage et l’a conseillé lors de la construction des décors. Les peintures ont été réalisées par un artiste spécialisé dans la reconstitution de l’espace, Chesley Bonestell. Avec un budget s’élevant seulement au demi-million de dollars, le film a réussi l’exploit d’être l’un des plus grands longs métrages centrant leur histoire sur l’espace depuis la Seconde Guerre mondiale, tant au niveau de sa qualité que de l’accueil du public et des professionnels du 7e art.
En 1953, ce film nous plonge en pleine science-fiction : devenu culte au fil des ans, La Guerre des mondes est adapté du roman de H. G. Wells et réalisé par Byron Haskin. Il fut un succès tant au niveau de la qualité de l’œuvre que de son accueil par le public. Haskin a d’ailleurs déclaré qu’il s’agissait du long métrage le plus fourni en effets visuels de toute sa carrière : les techniciens étaient devenus les stars du tournage dépassant les acteurs portés à l’affiche. Leur plus grand challenge aura été de porter à l’écran l’arrivée des aliens et la destruction de la ville ainsi que de ses habitants : en souhaitant créer des machines de guerre extraterrestres fonctionnant à l’électricité, le directeur des effets visuels faillit électrocuter toute son équipe, son travail lui nécessitant de générer près d’un million de volts sur le plateau du tournage. Pour toujours plus de réalisme, les équipes entrèrent en contact avec la sécurité civile pour reproduire dans le détail les étapes d’évacuation d’une ville.
Vous connaissez certainement l’œuvre de Jules Verne. Adaptée en 1954 par Disney, il s’agit du premier film de la firme en prise de vue réelle, c’est-à-dire, filmé en direct par opposition à l’animation où les plans sont enregistrés image par image. Long métrage à gros budget, il regroupe des vedettes d’Hollywood qui se sont toutes rendues dans le studio de Burbank. C’est sur place que le décor du film a été créé : un réservoir central de 335 m3 et profond de 2,6 m fut spécialement fabriqué pour l’occasion dans le but de filmer les vues sous-marines du Nautilus. De façon à rendre l’aventure des personnages fascinante, le calmar fut construit à l’aide de caoutchouc, de ressorts, de tubes flexibles et de plastique. En fin de compte, le monstre possédait des tentacules de plus de 12 mètres et pouvait sortir à plus de 2 mètres hors de l’eau.
Les Dix Commandements
Les Dix Commandements est un péplum américain tourné en Egypte et diffusé pour la première fois en 1956. Ce film met en scène une passage mythique de la bible, la séparation en deux de la mer Rouge. Ce plan fut longtemps considéré comme l’un des plus difficiles jamais réalisés dans le cinéma. Il fallut près de 6 mois aux équipes dédiées aux effets visuels pour combiner des plans de la mer Rouge aux effets spéciaux créés dans les studios de la Paramount. Pour ce faire, un énorme réservoir d’eau en forme de U fut construit et environ 1400 litres d’eau ont été libérés par les côtés, offrant le spectacle auquel vous pouvez assister dans la vidéo.
Ben-Hur
Sorti en 1959, Ben-Hur est, aujourd’hui encore, considéré comme un monument du cinéma, tant l’ampleur de sa mise en scène et les moyens déployés à son développement furent impressionnants. Il fallut 78 jours de tournage aux équipes du péplum pour terminer la scène finale de l’œuvre : une course de char organisée sur un décor de cirque comprenant une piste de près de 1 400 mètres. Il fallut importer 3 600 tonnes de sable des plages méditerranéennes et les grandes statues du centre de la piste mesurent plus de 16 mètres de haut.
Mary Poppins
Adapté du roman de Pamela L. Travers par Robert Stevenson pour Disney, ce film fait partie des créations cultes et mémorables de la firme aux grandes oreilles et pour cause, le récit mit à rude épreuve les cerveaux des équipes dédiées aux effets spéciaux du long métrage. Alors le plus gros budget de l’histoire du studio, Mary Poppins devait faire rêver les enfants et pour ce faire, il fut intégralement tourné à l’intérieur, dans les studios de Disney situés à Burbank aux décors peints à la main. Posées une à une, les feuilles et fleurs du décor étaient minutieusement travaillées au même titre que les arbres, importées de France et du Portugal. Mary Poppins est une véritable perle cinématographique pour quiconque s’intéressant un tant soit peu à l’histoire des effets spéciaux et si tel est votre cas, nous vous invitons à vous rendre sur Effets-speciaux, un site qui analyse dans le détail le développement de ce film.
Film culte de la fin des années 60, 2001 l’Odyssée de l’espace fut porté à l’écran par Stanley Kubrick d’après l’œuvre magistrale d’Arthur C. Clarke. 25 spécialistes des effets spéciaux furent contactés pour travailler sur le projet et 35 décorateurs de plateau les accompagnèrent dans leur tâche. 7 mois furent nécessaires au tournage puis 2 ans de travail en post-production terminèrent le long métrage qui coûta plus de 10 millions de dollars.
King Kong
Remake du film de 1933, cette version de King Kong sortie en 1976 fut longtemps considérée comme un échec commercial alors qu’en réalité, les recettes du film arrivaient convenablement à combler ses dépenses : 23 millions de dollars furent investis et le film en rapporta plus de 90. Rick Baker, l’homme derrière King Kong, dut créer le personnage dans son ensemble et s’il ne fut pas satisfait du corps du singe, il le devint une fois les plans de son visage réalisés : grâce au talent des caméramans et du réalisateur, Kong pouvait exhiber toute une palette d’émotions permettant au spectateur de s’y attacher. L’une des scènes les plus marquantes du film reste sans aucun doute la mort du gorille géant qui nécessita l’arrivée de plus de 30 000 bénévoles sur place, au pied du World Trade Center. Face à une telle foule, la sécurité ordonna l’arrêt du tournage par peur d’un incident. Heureusement, le tournage de la scène venait de prendre fin et la décision des autorités n’eut pas de conséquences sur le film.
Star Wars 1977
Comment traiter des grands effets spéciaux du cinéma sans parler de Star Wars ? La création culte de George Lucas a, au même titre que les autres films de cette vidéo, reçu des récompenses pour ses effets visuels et pour cause, les équipes de LucasFilm ont lancé les bases de l’animation 3D et ont utilisé des maquettes avec imagination et ingéniosité. Dès les premières minutes du film, les spectateurs sont ébahis et ne voient aucun des trucages de Lucas : les maquettes de vaisseaux sont suspendues à des fils extrêmement fins, le tout sur un fond bleu et c’est à la caméra de bouger pour donner une impression de mouvement. Petit à petit, le fond bleu disparaît grâce à des techniques d’incrustation plaçant les X-Wings et autres TIE-Fighters sur un ciel étoilé. Le talent de Lucas sera confirmé lors des films suivants et influencera des générations de cinéastes après lui.
Impressionnant n’est-ce pas ? L’évolution des effets spéciaux sur le siècle dernier fut à la fois rapide, fructueuse et fantastique à observer. Aujourd’hui encore, nous sommes ébahis par la qualité du travail des équipes de tournage de nos films préférés. Certains ont marqué la culture populaire, d’autre moins et pourtant, tous restent d’une importance capitale dans l’histoire du cinéma.
Par JJJ, le
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