Une équipe de physiciens bulgares estime que les trous de ver, qui sont d’hypothétiques tunnels reliant une partie de l’Univers à une autre, pourraient se cacher à la vue de tous, sous la forme de trous noirs.
Distinguer les trous de ver des trous noirs
En 2019, des astronomes avaient utilisé un réseau d’observatoires radio appelé Event Horizon Telescope (EHT) pour obtenir la première image directe d’un trou noir, un mastodonte lointain appelé M87. Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Physical Review D., Petya Nedkova et ses collègues de l’université de Sofia ont cherché à déterminer si les données de l’EHT sur la polarisation de la lumière autour du trou noir pouvaient être utilisées pour le distinguer d’un trou de ver.
« Il y a dix ans, les trous de ver [qui relieraient deux régions distinctes de l’espace-temps] relevaient entièrement du domaine de la science-fiction, maintenant, ils se rapprochent des frontières de la science et nous les recherchons activement », explique Nedkova. « Nous dressons lentement un registre de toutes les signatures observationnelles des trous noirs et des trous de ver, et les examinons une à une. »
À l’aide d’un ensemble de modèles informatiques, l’équipe bulgare a découvert que la lumière directe (émise autour du trou noir et voyageant directement vers nos observatoires) ne fournissait pas de données suffisamment détaillées pour pouvoir distinguer ces deux types d’objets, avec une différence dans la quantité et la direction de la polarisation inférieure à 4 %.
Dans un second temps, les chercheurs ont modélisé le rayonnement à haute énergie censé émaner de la région située de part et d’autre de la gorge du trou de ver, et découvert que celui-ci présentait des propriétés de polarisation distinctes. Selon les simulations, il s’avérait environ huit fois plus polarisé que celui provenant d’un trou noir.
Des anneaux de rayonnement caractéristiques
L’équipe a également examiné une autre possibilité, peut-être plus spéculative que les autres. Si un trou de ver est franchissable, cela signifie que la lumière doit pouvoir le traverser depuis l’autre extrémité et ressortir du trou noir que nous pouvons observer. Si tel était le cas, les effets gravitationnels cumulés la rendraient jusqu’à six fois plus brillante et entraîneraient la formation de plusieurs petits anneaux de rayonnement caractéristiques.
Même si les données dont nous disposons actuellement ne nous permettent pas de faire la différence entre un trou noir et un trou de ver, ces nouveaux travaux indiquent que cela est théoriquement possible. Selon l’équipe bulgare, la seule façon de le démontrer serait de scruter ces bizarreries célestes avec un télescope à résolution encore plus élevée.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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