L’île de Terceira, située dans l’archipel des Açores au milieu de l’océan Atlantique, offre un cadre idéal pour mesurer l’impact de l’agriculture intensive sur la biodiversité. Cette île, qui a été découverte par les marins portugais au XVe siècle, a connu une transformation radicale de son paysage au fil des siècles. Les forêts indigènes ont été remplacées par des cultures et des pâturages, sauf dans les zones montagneuses ou difficiles d’accès. Ces zones préservées constituent un vestige de la nature originelle de l’île, riche en espèces végétales et animales.
Une méthode originale pour mesurer la complexité écologique
Une équipe de chercheurs dirigée par Gabor Lovei, du département d’agroécologie de l’université d’Aarhus, a décidé d’utiliser cette île comme terrain d’expérimentation pour comparer les écosystèmes des forêts, des champs et des zones de pâturage. Leur objectif était d’évaluer comment les différents niveaux de perturbation humaine affectent les interactions entre les plantes, les animaux et les micro-organismes.
Les chercheurs ont adopté une approche innovante pour étudier l’ensemble de l’écosystème et pas seulement quelques espèces. Ils ont utilisé des plants de laitue, des larves, des graines et des sachets de thé comme indicateurs écologiques. Ils ont planté ou dispersé ces éléments dans les trois types d’environnement (forêt, champ et pâturage) et ont observé leur évolution pendant deux semaines.
Les plants de laitue ont permis de mesurer le niveau d’herbivorie, c’est-à-dire la consommation des plantes par les herbivores. Les larves ont permis de mesurer le niveau de prédation, c’est-à-dire la consommation des animaux par les prédateurs. Les graines ont permis de mesurer le niveau de granivorie, c’est-à-dire la consommation des graines par les granivores. Les sachets de thé ont permis de mesurer le niveau de décomposition, c’est-à-dire l’activité des micro-organismes qui dégradent la matière organique.
Les résultats révèlent une perte de biodiversité liée à l’agriculture intensive
Les résultats de l’étude ont montré que la forêt présente une plus grande complexité écologique que les champs et les pâturages. En effet, dans la forêt :
- Les plants de laitue sont moins consommés par les herbivores, ce qui indique une plus grande diversité végétale et une plus grande résistance aux ravageurs.
- Les larves sont plus consommées par les prédateurs, ce qui indique une plus grande diversité animale et une plus grande régulation des populations.
- Les graines sont plus consommées par les granivores, ce qui indique une plus grande diversité d’invertébrés et une plus grande dispersion des semences.
- Les sachets de thé se décomposent plus rapidement, ce qui indique une plus grande activité microbienne et une plus grande fertilité du sol.
Ces résultats suggèrent que la déforestation entraîne une perte de biodiversité et une simplification des interactions écologiques. Les chercheurs recommandent donc aux agriculteurs de maintenir ou de restaurer des zones de végétation naturelle dans leurs exploitations, afin de favoriser le maintien des espèces indigènes et le fonctionnement des écosystèmes.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Earth.com
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