Une étude s’intéressant aux liens entre les cancérologues et les laboratoires vient montrer l’influence que peuvent avoir les industriels de la santé sur les médecins. Des résultats chocs qui jettent un pavé dans la mare du monde médical et qui soulevent de nombreuses questions.
ETUDIER LES LIENS ENTRE MÉDECINS ET LABORATOIRES
Le 3 juin dernier Aaron Mitchell, oncologue à l’Université de Caroline du Nord et sa collègue Stacie Dusetzina, épidémiologiste, ont profité de l’ASCO, le congrès américain sur la cancer, pour dévoiler une étude assez dérangeante. Les deux spécialistes se sont intéressés aux liens qui peuvent parfois exister entre les médecins et les laboratoires, de manière à pouvoir évaluer les conflits d’intérêts dans les prescriptions concernant des cas de cancers.
Pour leurs travaux, Mitchell et Dusetzina ont retenus comme avantages les paiements de repas, les invitations à des congrès, etc., et ont exclu les soutiens à des travaux. De même, l’étude s’intéresse à des cancers pour lesquels il existe des choix de traitement variés en fonction des molécules commercialisées. Sont donc concernés, le cancer du rein avec métastases et la leucémie myéloïde chronique.
LE CHOIX DE TRAITEMENT EST INFLUENCÉ
La question posée par cette étude est donc de savoir si il existe un lien entre les prescriptions établies et les liens entretenus par les médecins avec certains laboratoires. « Idéalement, les options thérapeutiques devraient être uniquement basées sur la preuve médicale et la préférence des patients » souligne Aaron Mitchell.
Mais dans les faits, en comparant les médecins ayant des liens avec les laboratoires et ceux qui n’en ont pas, il s’avère que le choix des spécialistes n’est pas du tout neutre. Le choix de traitement de certains médecins serait donc bien influencé par les laboratoires pharmaceutiques, les médecins préférant choisir des molécules commerciales provenant de laboratoires dont ils ont reçu des avantages.
UNE ÉTUDE QUI POSE DES QUESTIONS
Ce conflit d’intérêt pose évidemment de nombreux problèmes. Comme le rappelle Stacie Dusetzina « ce modèle est inquiétant car les efforts de promotion des entreprises pharmaceutiques ont tendance à se concentrer sur les nouveaux produits, ce qui peut orienter vers des traitements plus coûteux ».
Cette étude jette surtout un discrédit sur le professionnalisme de certains médecins et peut amener à remettre en cause leur jugement. En attendant de voir d’autres travaux approfondir cette délicate question des liens entre médecins et laboratoires, nul doute que la présentation de Aaron Mitchell et Stacie Dusetzina a du faire vivement réagir l’assemblée du congrès américain sur le cancer.
Par Adrien Bertoni, le
Source: Sciences et Avenir
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