Une avarie spectaculaire survenue à Baïkonour menace de suspendre les vols habités russes pendant plusieurs années. Ce coup dur pourrait marquer un tournant historique pour le programme spatial russe, déjà affaibli par les tensions géopolitiques et un isolement technologique croissant.

Le retour de Soyouz MS-27 pourrait bien être le dernier vol habité russe avant des années
Ce 9 décembre 2025, la capsule Soyouz MS-27 doit ramener sur Terre trois astronautes : deux Russes et un Américain. Leur mission touche à sa fin après six mois passés à bord de l’ISS. Une rentrée atmosphérique comme la Russie en a orchestré des dizaines. Pourtant, cette fois, un parfum d’ultime mission flotte autour de l’événement. En coulisses, le site de Baïkonour, pilier des vols habités russes, est à l’arrêt technique. Et cela pourrait durer longtemps.
Dans ce contexte dramatique, le retour de MS-27 prend une ampleur historique. Ce n’est plus seulement la fin d’une mission. C’est peut-être la suspension d’un savoir-faire vieux de six décennies. Ainsi, dans l’incertitude générale, chaque étape de la descente est suivie avec une tension inédite. Presque comme un adieu discret à un programme spatial mythique.
Une avarie sur le pas de tir 6 de Baïkonour compromet gravement les futures missions Soyouz
Lors du lancement de Soyouz MS-28, il y a une semaine, le pas de tir 6 du site 31 à Baïkonour a subi une défaillance majeure. En effet, les images en ligne suggèrent que la structure inférieure du pas s’est effondrée, causant d’importants dégâts. Roscosmos, très discrète, n’a toujours pas livré d’analyse officielle. Du côté américain, la NASA évoque des inspections en cours. De plus, elle parle d’une collaboration renforcée pour garantir la sécurité à bord de l’ISS.
Le problème est simple : ce pas de tir est le seul actuellement opérationnel pour les missions habitées russes. Si les dommages sont aussi graves qu’ils en ont l’air, alors le programme Soyouz pourrait être mis sur pause jusqu’en 2027. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, la Russie n’a pas de solution immédiate. Le cosmodrome de Vostochny n’est pas prêt pour les vols habités. Aucun autre site secondaire ne peut, à ce jour, prendre le relais à court terme.
La suspension des vols habités russes redistribuerait les cartes du transport vers l’ISS
Dans le pire des scénarios — et il devient de moins en moins hypothétique —, le retour de MS-28 prévu pour juillet 2026 pourrait être le dernier vol Soyouz avant longtemps. En attendant, les capsules Progress assureront sans doute les ravitaillements. Cependant, le segment habité est à l’arrêt. Sans nouvelle capsule russe pour rejoindre l’ISS, les États-Unis devront assurer seuls la rotation des équipages.
Cette bascule stratégique pourrait profiter à SpaceX avec Crew Dragon. De même, Boeing avec Starliner pourrait en tirer avantage dans les mois à venir. Roscosmos, elle, se retrouverait dans une position diplomatique et scientifique délicate. En somme, le symbole est fort : la Russie, pionnière du vol habité, incapable de rejoindre l’orbite basse.
Les implications vont bien au-delà de la technique. Par exemple, l’absence prolongée du spatial russe dans l’équipage de l’ISS pourrait rebattre les alliances. Elle bouleverserait aussi les équilibres géopolitiques en orbite. Enfin, elle accélérerait la montée en puissance d’acteurs comme la Chine ou l’Inde dans l’exploration humaine de l’espace.
Roscosmos reste muette alors que la mission MS-29 approche à grands pas sans solution de repli
Pour l’instant, Roscosmos évite soigneusement les questions. Il n’y a ni calendrier de réparation, ni communication de crise. Pourtant, la mission MS-29 est attendue pour juillet 2026. Et sans pas de tir fonctionnel, elle devra être repoussée, voire annulée.
Si les réparations de Baïkonour prennent bien deux ans, le trou dans le planning sera irréversible. Ce serait un revers logistique évident. Mais aussi un désaveu technologique pour un pays qui maîtrise le vol habité depuis les années 60. Et surtout, ce serait une page qui se tourne. Brutalement. Pour une capsule Soyouz qui, malgré son âge, était encore le symbole de la fiabilité spatiale russe.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Numerama
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