De récents travaux ont estimé que l’exposition aux gaz d’échappement de véhicules fonctionnant à l’essence au plomb aurait entraîné une réduction du quotient intellectuel de plus de 150 millions d’Américains.
Un impact significatif sur le développement cérébral
Le plomb a commencé à être ajouté à l’essence dans les années 1920 pour que les moteurs des voitures fonctionnent mieux. Si cette substance pénètre dans le cerveau, elle peut perturber la signalisation nerveuse et, à des niveaux plus élevés, détruire les cellules cérébrales. Les jeunes enfants y sont particulièrement vulnérables, car le métal perturbe le développement du cerveau.
En utilisant les données d’une enquête nationale, Aaron Reuben et ses collègues de l’université Duke ont analysé les niveaux sanguins de plomb de plus de 11 600 enfants âgés de 1 à 5 ans à partir d’échantillons prélevés entre 1976 et 2016. Une estimation a également été réalisée pour la période allant de 1940 à 1975 en se basant sur l’utilisation d’essence au plomb à cette époque. Ces données ont ensuite été mises en relation avec une formule établie de l’influence de l’exposition au plomb sur le quotient intellectuel (QI).
Détaillés dans la revue PNAS, leurs résultats suggèrent que la moitié de la population américaine actuelle présentait des niveaux élevés de plomb dans le sang lorsqu’elle était enfant. Dans l’ensemble du pays, ils estiment que l’exposition au plomb a pu entraîner une baisse moyenne du QI de 2,6 points. Les personnes nées entre le milieu et la fin des années 1960 (lorsque l’utilisation de ce type de carburant était à son apogée) étaient les plus touchées, avec une perte moyenne de 5,9 points.
Des effets similaires dans les pays à haut revenu
Dans les années 1970, il a été reconnu que de minuscules particules de plomb présentes dans les gaz d’échappement pouvaient pénétrer dans la circulation sanguine et que des niveaux environnementaux plus élevés de ce métal étaient liés à de moins bons résultats scolaires chez les enfants. Cependant, il a fallu attendre 1996 pour que l’essence au plomb soit interdite aux États-Unis.
Selon les auteurs de l’étude, des effets similaires se sont probablement produits dans d’autres pays à revenu élevé, en raison de schémas d’utilisation du plomb dans l’essence tout au long du siècle dernier communs dans les pays développés (plus connu sous le nom de « Super », ce type de carburant n’a été interdit en France métropolitaine qu’à partir de 2000).
« De tels travaux démontrent les effets durables de certaines toxines environnementales », conclut, Mathew Hauer, co-auteur de l’étude.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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