Plus que jamais, le monde est frappé par des épidémies de maladies infectieuses mortelles. Nous revenons sur les 4 raisons principales qui expliquent pourquoi celles-ci se propagent plus rapidement de nos jours, malgré l’avancée de la médecine.
Durant la dernière décennie, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré quatre urgences sanitaires mondiales. Deux d’entre elles sont survenues au cours de l’année 2014 et 2016 : l’épidémie d’Ebola qui a frappé l’Afrique occidentale, et l’épidémie de Zika qui s’est répandue à travers les Amériques. Mais comment et pourquoi, à l’heure où la médecine est plus développée que jamais, ces épidémies parviennent-elles à se propager si rapidement ? A cela, quatre grandes causes.
LE COMMERCE ET LA CONNEXION ENTRE LES PERSONNES
Dans la majeure partie de l’histoire de l’Homme, les populations vivaient sur de petits territoires disparates, relativement isolés les uns des autres. Les échanges entre les personnes, ainsi que la faune et la flore, étaient rares. Ce n’est que récemment, grâce notamment à l’expansion du commerce mondial et l’apparition des moyens de transport modernes, que les populations ont commencé à davantage se croiser et ainsi, à bénéficier de la propagation des maladies.
Prenons pour exemple le 14e siècle : à cette époque, la navigation s’est largement développée, ce qui a contribué à répandre une peste mortelle à travers le monde à cause des rats qui embarquaient à bord des bateaux. Ensuite, au 16e et au 17e siècle, le commerce d’esclaves a introduit l’Aedes aegypti (l’espèce de moustique qui répand aujourd’hui des virus comme le Zika, la fièvre jaune ou encore la dengue) des Amériques jusqu’à l’Afrique occidentale.
LES VOYAGES AÉRIENS ONT PERMIS DE TRANSPORTER PLUS FACILEMENT LES AGENTS PATHOGÈNES
Si jusque-là, ces virus se répandaient à un rythme relativement lent (il a fallu plus de 10 ans pour que la peste se propage à travers l’Europe par exemple), le voyage par les airs a accéléré les choses. En effet, l’aviation qui a connu un véritable essor dans les années 80 et 90, a permis de transporter plus facilement que jamais les humains ainsi que les animaux, et avec eux, les agents pathogènes responsables des maladies infectieuses.
Ainsi, de nos jours, les personnes voyagent plus facilement et dans des volumes plus importants que jamais auparavant. Alors qu’il a fallu 10 ans à la peste pour se répandre à travers l’Europe au 14e siècle, un voyageur peut désormais apporter une souche mortelle de la grippe aviaire de la Chine à l’Europe en seulement 24 h.
De plus, quand un agent pathogène est introduit dans un nouveau lieu, les personnes y résidant sont biologiquement très sensibles à la maladie puisque leur système immunitaire n’y a probablement jamais été exposé. Rajoutez à cela le fait que les médecins, et plus globalement les systèmes de santé, peuvent également être pris au dépourvu. C’est d’ailleurs l’un des facteurs qui ont permis à l’épidémie d’Ebola, qui s’est répandue en Afrique occidentale, de se développer dans une spirale incontrôlable. En effet, trois des pays les plus affectés n’avaient jamais été confrontés à une épidémie de ce virus auparavant.
L’OMS rapporte ainsi : « Les cliniciens n’avaient jamais eu à gérer des cas de ce type. Aucun laboratoire n’avait jamais eu à diagnostiquer un patient atteint par ce virus. Aucun de ces gouvernements n’avait jamais vécu les bouleversements sociaux et économiques que peut accompagner une épidémie d’Ebola. Les populations ne pouvaient pas comprendre ce qui leur arrivait, ni pourquoi ça leur arrivait. »
A l’inverse, l’Afrique de l’Est, qui avait déjà été confrontée à des épidémies d’Ebola, a su beaucoup mieux gérer le virus. En Ouganda par exemple, dès qu’un cas d’Ebola est identifié, les responsables de la santé publique submergent les médias de messages préventifs indiquant aux habitants comment rester en sécurité face au virus. D’ailleurs, ces derniers ont tendance à ne pas quitter leurs habitations par peur de l’infection et rapportent immédiatement des cas suspects. C’est grâce à ces précautions notamment, que le pays a pu gérer avec succès une demi-douzaine d’épidémies d’Ebola.
C’est dans ce contexte qu’Ebola, qui est un « vieux » virus, a pu se répandre rapidement, amenant au total 15 000 cas répertoriés et 11 000 décès.
L’URBANISATION : « UNE CATASTROPHE HUMANITAIRE ÉMERGENTE »
A notre époque, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des milieux urbains et la quasi-totalité des autres pays du monde qui ne sont pas encore urbanisés, tendent à le devenir de plus en plus. Les chercheurs de l’OMS ont qualifié ce phénomène de « catastrophe humanitaire émergente ».
Il faut bien comprendre que la plupart des milieux urbains ne sont pas forcément des villes dites « propres », comme Paris ou Munich par exemple. Duane Gubler, un spécialiste des maladies infectieuses, rapporte ainsi : « La plupart des villes émergentes ne sont pas prévues et beaucoup de personnes, des dizaines de millions, vivent actuellement dans des lieux surpeuplés aux conditions d’hygiène déplorables. »
De ce fait, ces « nouvelles » villes sont tout à fait propices au développement des maladies infectieuses. On pense notamment au cas du Brésil avec l’épidémie de Zika. Non seulement c’est un « vieux » virus qui se retrouve dans un lieu « nouveau » et a donc pris, de ce fait, les responsables de la santé au dépourvu, mais beaucoup de villes dans ce pays se trouvent être extrêmement hospitalières pour celui-ci.
LES BIDONVILLES SONT PROPICES À LA PROPAGATION DE VIRUS
En effet, 113 millions de personnes (soit presque une personne sur cinq) en Amérique latine vivent dans des quartiers pauvres. Ainsi, beaucoup de bidonvilles manquent d’un approvisionnement en eau propre, obligeant les résidents à garder des seaux remplis d’eau autour de leurs maisons. De l’eau stagnante qui est parfaite pour la prolifération des moustiques. Sans mentionner le fait que l’air conditionné y est quasi inexistant, préservant ainsi la chaleur dans les maisons et sur les corps ; autant d’éléments qui contribuent à la prolifération des moustiques Aedes aegypti qui, comme nous l’avons précédemment souligné, sont porteurs du Zika.
De plus, avec la croissance démographique sans précédent survenue après la Seconde Guerre mondiale, les populations vivent non seulement plus que jamais dans les villes, mais elles émergent également dans des zones qui, auparavant, n’étaient habitées que par des animaux. Point important à relever : à chaque interaction entre les humains et les animaux, de nouveaux agents pathogènes sont échangés, et peuvent de cette façon rendre malades les espèces. Ainsi, à l’heure actuelle, près de 3/4 des maladies infectieuses émergentes sont répandues aux humains, par les animaux.
De cette façon, l’historien Yuval Harari rapporte : « La plupart des maladies infectieuses qui ont frappé les sociétés agricoles et industrielles (comme la petite vérole, la rougeole et la tuberculose) provenaient des animaux domestiques et ont été transférées à l’Homme seulement après la révolution agricole. »
Aujourd’hui, ce phénomène existe toujours, que ce soit à travers les vendeurs de poulets assis dans les rues de Chine qui exposent les habitants à la grippe aviaire, ou par les chasseurs en Guinée qui mangent de la viande d’animaux sauvages qui pourraient être infectés par le virus Ebola. Ali Khan, l’auteur du livre « The Next Pandemic« , rapporte : « C’est une des raisons pour lesquelles beaucoup de ces infections apparaissent d’abord en Afrique ou en Asie, où il existe un lien fort entre les humains, les animaux et l’environnement. »
LA PAUVRETÉ PERSISTANTE EMPIRE LES ÉPIDÉMIES
Quand de « nouveaux » virus frappent des systèmes de santé appauvris ou affaiblis, ces derniers ont de plus grandes chances de tuer les habitants. Pour exemple, on prendra l’épidémie d’Ebola de 2014/2015 : aux États-Unis, toutes les personnes infectées par le virus ont survécu. A l’inverse, en Afrique occidentale, 11 000 personnes en sont décédées.
Deux bilans très opposés et qui ont un rapport avec l’économie et l’accès aux soins. En effet, les personnes touchées par ce virus peuvent survivre si elles peuvent être soignées par des antibiotiques, un séjour à l’hôpital, une dialyse, etc. Si ces soins sont accessibles aux États-Unis, ce n’est pas le cas dans beaucoup d’autres pays où Ebola a frappé, comme en Guinée par exemple.
DANS PLUSIEURS PAYS AFRICAINS, LA POPULATION N’A TOUT SIMPLEMENT PAS ACCÈS AUX SOINS
En 2016, nous voyons l’histoire se répéter avec l’épidémie de fièvre jaune qui frappe l’Angola. A l’heure actuelle, plus de 2500 personnes ont été infectées par le virus et plus de 300 ont déjà perdu la vie. Pourtant, cette épidémie aurait pu être évitée. En effet, s’il n’existe aucune cure à la fièvre jaune, il y a néanmoins un vaccin, développé en 1936, qui est extrêmement efficace. Seulement trois ou quatre semaines après avoir reçu l’injection, la quai-totalité des patients sont protégés contre ce virus.
Malheureusement, beaucoup de pays en Afrique ont des taux de vaccination contre ce virus qui sont bien trop faibles pour que le vaccin s’avère efficace. Et puisque la majorité des personnes ne sont pas protégées, celui-ci peut proliférer et se répandre à grande vitesse. A contrario, les pays riches avec des systèmes de santé développés ne risquent rien puisque la majorité de leurs habitants ont eu accès à ce vaccin. On comprend alors qu’avec la pauvreté persistante et des systèmes de santé bien trop « faibles », même quand il existe la technologie nécessaire pour éviter que les maladies ne se répandent, il est difficile de l’utiliser comme il se devrait.
LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE CONTRIBUE À L’ÉCLOSION/LA NAISSANCE DES MALADIES
Les experts dans le domaine des maladies infectieuses affirment que la propagation plus rapide de celles-ci a un rapport direct avec le réchauffement climatique. Ils pensent notamment que l’une des raisons qui ont fait que le moustique Aedes (qui transporte le Zika, la dengue et encore le chikungunya) ait pu atteindre de nouveaux lieux si rapidement (et donc davantage de personnes) est bien le changement de climat global de notre planète. En effet, les moustiques prolifèrent dans les environnements chauds et humides ; autant dire que le réchauffement climatique leur est très profitable.
LES MOUSTIQUES PROLIFÈRENT DANS LES ENVIRONNEMENTS CHAUDS
Durant la dizaine d’années où Ali Khan a travaillé en tant qu’inspecteur des maladies pour le CDC, celui-ci a été témoin de l’expansion des maladies transmises par ces vecteurs climatiques aux États-Unis : « Le réchauffement climatique impacte déjà la transmission plus rapide des maladies, et ce phénomène va s’accélérer à mesure que notre climat continue de se réchauffer, que nous assistons à des tombées de plus en plus importantes, et que nous expérimentons des événements climatiques de plus en plus extrêmes. »
Nous comprenons désormais beaucoup mieux comment et pourquoi les épidémies se propagent plus rapidement de nos jours. Nous sommes aussi très attristés de savoir que de nombreuses morts pourraient être évitées si seulement certains systèmes de santé étaient plus adaptés. Si le domaine des maladies infectieuses vous intéresse, nous vous invitons à lire ce sujet passionnant qui démontre qu’il y a encore beaucoup d’espoir dans la recherche : « Et si c’était les moustiques eux-mêmes qui nous apprenaient à combattre la malaria ?«
I don’t know what to say really what you share is so good and helpful to the community, I feel that it makes our community much more developed, thanks.
Global warming is impacting the ability to spread disease faster, and this phenomenon will increase as our climate continues to warm, as we see more and more crashes and as we go through it. weather phenomena are getting more and more severe.