Une étude récente a permis de lever le voile sur la fabrication et les usages des épées retrouvées dans les îles Baléares, en Espagne. Ces épées, vieilles d’environ 3 000 ans, proviennent de fouilles réalisées au XXe siècle et datent de la période 1000-800 av. J.-C. Elles offrent un aperçu des échanges culturels et technologiques dans la Méditerranée occidentale.
Des épées façonnées par les échanges méditerranéens
L’étude, dirigée par l’archéologue Laura Perelló Mateo de l’université des îles Baléares, s’appuie sur des techniques combinées d’analyse isotopique, chimique et technologique. Elle a permis d’examiner les méthodes de fabrication et de révéler l’origine des matériaux utilisés pour créer ces épées. Publiée dans la revue Archaeological and Anthropological Sciences, cette recherche apporte de nouvelles perspectives sur les interactions culturelles au sein de la Méditerranée, notamment entre les îles Baléares et d’autres régions côtières comme la péninsule Ibérique.
Entre le XIVe et le XIIIe siècle avant J.-C., les échanges commerciaux et culturels en Méditerranée occidentale ont atteint un niveau de développement sans précédent. Cela a facilité l’introduction de nouveaux matériaux et techniques de fabrication dans les îles Baléares. Le cuivre et l’étain, par exemple, ont été importés, ce qui a permis l’augmentation significative de la production d’objets métalliques.
Selon les résultats de l’étude, le poids total des objets métalliques à Majorque, Ibiza et Formentera est passé de 2,15 kg à 53 kg, entre l’âge du bronze ancien et le bronze moyen et tardif. Cette augmentation du commerce a favorisé le développement d’une industrie locale de fabrication d’épées.
Une production influencée par la péninsule Ibérique
L’étude souligne que les épées de la région ont intégré des techniques de production importées de la péninsule Ibérique. Ces innovations incluent la fonte à la cire perdue, des alliages complexes de bronze (cuivre, étain, plomb) et la production d’objets composites. Les chercheurs ont observé que les épées des Baléares montraient des influences locales tout en incorporant des éléments venus de l’extérieur.
Les chercheurs ont examiné 18 épées, principalement issues des îles de Majorque et Minorque, et classées dans le type Son Oms, du nom du site où elles ont été découvertes. Ces épées se distinguent par des poignées pleines, contrairement aux pommeaux en forme de disque ou de diamant présents sur les modèles continentaux. Elles ont également des lames plus fines, fixées aux poignées par moulage direct ou par des rivets disposés de manière triangulaire.
Un symbole plutôt qu’une arme
Malgré des similitudes extérieures avec des épées de la même époque en Italie et en Europe centrale, ces armes des Baléares sont caractérisées par des adaptations régionales. Les chercheurs notent que, bien qu’elles conservent la forme des épées traditionnelles, leur fonction était probablement différente. Les preuves suggèrent que ces épées n’étaient pas destinées à être utilisées en combat, mais plutôt conçues comme des objets symboliques à exposer.
Cela indique que les épées n’étaient pas produites pour des combats, mais probablement commandées par des élites locales qui avaient les moyens d’importer les matériaux nécessaires.
En outre, les analyses isotopiques ont permis de retracer l’origine des métaux utilisés, avec des gisements importants localisés à Linares, en Espagne continentale, mais aussi à Minorque, Majorque et en Sardaigne. Ces résultats montrent que les îles Baléares étaient bien connectées aux réseaux commerciaux méditerranéens et que les échanges étaient au cœur de leur développement culturel et technologique. Par ailleurs, le mystère de l’épée médiévale trouvée au fond de la Méditerranée a été résolu.