À 400 km d’altitude, l’équipage de Shenzhou-21 vit une situation inédite : leur mission continue… mais sans capsule de retour. Une décision d’urgence face à un débris spatial relance le débat sur la sécurité des vols habités et la fragilité de nos aventures spatiales.

Une collision imprévue avec un débris spatial bouleverse toute la mission de retour
Ce devait être une rotation standard à bord de la station chinoise Tiangong. Mais un morceau de débris spatial, invisible et redoutable, a changé la donne. Après l’impact, des fissures microscopiques ont été détectées sur la capsule de retour de l’équipage Shenzhou-20. Cela oblige la Chine à improviser.
Le 14 novembre, Chen Dong, Chen Zhongrui et Wang Jie sont rentrés sur Terre en urgence à bord du vaisseau Shenzhou-21, celui prévu pour l’équipage suivant. Une solution de dernier recours. Mais elle a un prix : Zhang Lu, Wu Fei et Zhang Hongzhang, les trois taïkonautes de Shenzhou-21, n’ont plus aucun moyen de retour immédiat.
Trois astronautes bloqués en orbite, en attente d’un sauvetage prévu mais incertain

Ils sont là-haut, à 400 kilomètres de la surface terrestre, dans un calme apparent. Mais derrière ce quotidien de laboratoire scientifique, une réalité pèse : ils n’ont plus de vaisseau pour rentrer. Pour les ramener, la Chine devra lancer une nouvelle capsule, Shenzhou-22. Mais pour l’instant, aucune date officielle n’a été annoncée.
Selon des observateurs, un lancement pourrait avoir lieu dès le 25 novembre depuis le centre spatial de Jiuquan. Mais il s’agit de spéculations. En théorie, Pékin garde toujours un lanceur Long March 2F prêt à décoller en moins de 9 jours pour les missions habitées. En pratique, il faut espérer qu’aucun nouvel incident ne vienne compliquer les choses.
Cette mésaventure révèle les limites de la conquête spatiale face aux déchets en orbite
L’espace proche de la Terre est de plus en plus saturé de débris orbitaux. Et cet incident chinois le montre une fois de plus : même une station flambant neuve et un programme bien rôdé peuvent être mis en échec par un éclat d’aluminium.
La situation rappelle celle vécue en 2024 par deux astronautes américains, Butch Wilmore et Suni Williams, coincés neuf mois à bord de l’ISS à cause d’une panne du vaisseau Starliner de Boeing. Le parallèle est troublant.
Pour plusieurs experts, c’est un signal d’alarme. L’idée d’un service international de sauvetage spatial, autrefois science-fiction, devient une nécessité tangible. Parce que les accidents ne préviennent pas. Et parce que plus on envoie d’humains là-haut, plus il faut prévoir l’imprévisible.
En attendant Shenzhou-22, l’équipage poursuit sa mission, entre science et incertitude
Malgré cette épée de Damoclès, les trois taïkonautes continuent leurs travaux à bord de Tiangong. Expériences biologiques, tests de technologies spatiales, observation de la Terre… Leur mission se poursuit comme si de rien n’était.
Mais dans les coulisses, la CMSA (Agence spatiale chinoise) joue contre la montre. Préparer un vaisseau, garantir un lancement sans incident, et sécuriser un retour pour trois hommes qui, aujourd’hui, n’ont que la station comme refuge. Ce n’est pas un scénario de film. C’est la réalité du quotidien en orbite.
Par Eric Rafidiarimanana, le