L’analyse d’échantillons de sols prélevés sur un vaste éventail de sites mayas a révélé des niveaux élevés de contamination au mercure, entrant dans la composition de produits largement utilisés par ce peuple.
Contamination au mercure généralisée
Menés par une équipe internationale de chercheurs, ces travaux publiés dans la revue Frontiers in Environmental Science se sont concentrés sur des sites archéologiques mayas du Mexique, du Belize, du Guatemala, du Honduras et du Salvador. Allant de 0,016 partie par million (ppm) à Actuncan, les concentrations de mercure atteignaient 16 ppm à Tikal, quand le seuil d’effet toxique du mercure dans les sédiments est actuellement fixé à 1 ppm.
« Aujourd’hui, les cas de pollution au mercure concernent les zones urbaines et industrielles », explique Duncan Cook, auteur principal de l’étude. « La découverte de mercure enfoui profondément dans les sols et les sédiments des anciennes cités mayas nous a au départ surpris, mais il s’est avéré que les Mayas l’avaient utilisé pendant des siècles. »
Des récipients scellés remplis de mercure « élémentaire » (c’est à dire liquide) ont été trouvés sur plusieurs sites mayas d’importance (Quirigua, El Paraiso, Teotihuacan…), ainsi que des objets peints à l’aide d’un pigment ocre appelé cinabre, se trouvant être du sulfure de mercure. Selon les chercheurs, ce dernier, principalement utilisé à des fins décoratives, aurait ensuite pu « suinter » des patios, sols, murs et céramiques sur lesquels il avait été appliqué et contaminer les sols et l’eau.
« Pour les Mayas, le cinabre était une substance inestimable et sacrée, mais à leur insu, également mortelle, et son héritage persiste encore aujourd’hui dans les sols et les sédiments de ces anciens sites », souligne Nicholas Dunning, co-auteur de l’étude.
Un pigment importé
Ce métal lourd s’avérant rare dans les sols calcaires sur lesquels la plupart des sites mayas ont été bâtis, les scientifiques supposent que le mercure élémentaire et le cinabre y ayant été trouvés auraient été extraits à l’origine de gisements connus aux confins nord et sud de l’ancien monde maya, et importés dans les cités par des marchands.
Les effets d’un exposition chronique à des niveaux élevés de mercure comprennent des lésions du système nerveux, des reins et du foie, des troubles de la vision et de l’audition, une paralysie et des problèmes neurologiques. Selon l’équipe, il est possible que l’un des derniers souverains de Tikal, ayant régné vers 810 de notre ère et représenté sur des fresques comme étant pathologiquement obèse, ait été atteint du syndrome métabolique, pouvant être causé par ce type d’empoisonnement.
Les auteurs de la nouvelle étude précisent que des recherches supplémentaires seront nécessaires pour déterminer si l’exposition au mercure a joué un rôle prépondérant dans les changements socioculturels majeurs documentés chez les Mayas, s’étant notamment produits vers la fin de la période classique (250 à 1100 de notre ère).