La COP24 qui se tient actuellement en Pologne oblige les plus grands dirigeants du monde à affronter leurs responsabilités en matière d’empreinte écologique. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le constat de l’année 2018 est amer : les émissions de CO2 mondiales n’ont jamais été aussi élevées, atteignant un pic de croissance record de 2,7 % en 2018 après des années de stabilité. Un chiffre considérable qui illustre l’échec des politiques actuelles en matière d’écologie et remet en cause l’efficacité de l’accord de Paris pourtant signé par 195 délégations en 2015.
Un bilan record
Le dernier bilan des émissions mondiales de CO2, vient de tomber : +2,7 % en 2018. Jamais le constat n’avait été aussi alarmant, surtout lorsque l’on sait que ce taux s’était stabilisé depuis 7 ans. Ce taux représente 37 milliards de tonnes de CO2 rejeté dans l’atmosphère, un nouveau record par rapport à l’année 2017 qui enregistrait pourtant déjà une augmentation de ces rejets de 1,6 % par rapport à l’année 2016.
Seule l’année 2011, marquée par la sortie de la crise financière de 2008 avait enregistré pire taux, avec sa moyenne de 3,1 % d’émissions supplémentaires par rapport à l’année précédente. Majoritairement liées à l’industrie et à la combustion du pétrole et du gaz, ces émissions sont la première cause du réchauffement climatique mondial.
Un phénomène qui dépasse la sphère politique, selon Glen Peters, climatologue et coauteur de l’étude, qui estime que » les politiques se font distancer par la croissance de l’économie et de l’énergie. (…) on est loin de la trajectoire qui nous permettrait de rester à 1,5 ° ou même 2° » de réchauffement climatique prévu par l’accord de Paris.
À qui la faute ?
D’après Philippe Ciais, directeur de recherche du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, « l’augmentation des émissions est en fait liée aux activités humaines qui sont les transports – liée à l’utilisation du pétrole – ; le chauffage – que l’on appelle le secteur résidentiel ; et la production d’énergie si on produit de l’électricité avec des centrales à charbon, on émet aussi du CO2 ».
En tête du palmarès des responsables de rejet de CO2 en 2018, on trouve en première place le charbon, puis le gaz naturel, suivi de près par le pétrole, dont la consommation est en constante augmentation.
Du côté des pays responsables des plus grosses émissions de CO2, on trouve dans le viseur des écologistes en premier lieu la Chine, plus gros pollueur de l’année qui connait un boom d’émissions de 4,7 % en 2018, une déception après les efforts pourtant réalisés par le pays ces dernières années. Cependant, « nos experts chinois pensent que cette résurgence est liée aux stimulus économiques donnés par le gouvernement, et donc possiblement temporaire », souligne Corinne Le Quéré, de l’université d’East Anglia.
Les États-Unis ont également beaucoup pollué l’atmosphère cette année, et arrivent second du palmarès du nombre de rejets avec une augmentation de 2,5 % de leurs émissions de CO2. Si on peut attribuer cette hausse au scepticisme climatique du président Donald Trump, il n’est pas le seul en cause : la météo s’est avérée être très rude cette année pour les Américains, qui ont massivement utilisé chauffages et climatiseurs pour contrecarrer les aléas météorologiques. Enfin, si les pays européens ont progressé, enregistrant une baisse des émissions de CO2 de 0,7 %, le record de la hausse la plus importante est détenu par l’Inde, qui a en revanche augmenté ses rejets de 6,3 % en 2018.
Les 37,1 Gt (gigatonnes) de CO2 rejetés dans l’atmosphère en 2018, auxquels s’ajoutent 5Gt liées à la déforestation, devraient inciter les politiques à tirer la sonnette d’alarme. Des chiffres effrayants, qui laissent peu optimistes quant à l’avenir de la planète et montrent que malgré l’urgence et les promesses politiques, nos sociétés sont toujours dépendantes des énergies fossiles.
En espérant que la COP24, qui doit se terminer le 14 décembre, propose des solutions réellement concrètes et des mesures enfin durables afin d’offrir un avenir meilleur à nos enfants…
Par Alice Mercier, le
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