C’est une première mondiale que viennent d’accomplir des scientifiques de l’Université de Cambridge. A partir de deux types de cellules souches, ils ont réussi à créer un embryon artificiel qui se développe exactement comme un embryon humain. Une découverte exceptionnelle mais un peu effrayante qui va permettre aux chercheurs d’étudier et de mieux comprendre les premiers temps de la vie.
Comment les chercheurs ont-ils fait pour créer un embryon ?
Si les cours de SVT nous ont appris que la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde engendre un embryon, les chercheurs ont quant à eux expérimenté une autre manière de créer la vie. Ils ont prélevé deux types de cellules souches différentes et les ont cultivés dans une goutte de gel. Les cellules ont par la suite évolué en devenant des organes internes dans les premiers stades de leur développement, tout comme chez un vrai embryon.
L’embryon obtenu n’est toutefois pas un embryon humain mais un embryon de souris. Les chercheurs ont constaté que celui obtenu artificiellement ressemblait à ceux qui peuvent se développer naturellement dans le ventre de l’animal. Il s’est d’ailleurs tellement développé que son stade d’évolution était similaire à celui d’un embryon au tiers de la grossesse d’une souris.
Quels résultats ressortent de cette expérience ?
» Nous savions que les interactions entre les différents types de cellules souches étaient importantes pour le développement, mais la chose frappante démontrée par cette expérience est que c’est un véritable partenariat : ces cellules se guident réellement. Nous avons mis les deux types de cellules souches ensemble – ce qui n’a jamais été fait auparavant – pour leur permettre de parler entre elles. Nous avons vu que les cellules pourraient s’auto-organiser sans notre aide. » a affirmé Magdalena Zernicka-Goetz dans un communiqué de presse.
« Sans ce partenariat, le bon développement de la forme et l’activité opportune des principaux mécanismes biologiques ne se déroulent pas correctement ». Le plus étonnant est que les résultats étaient identiques, et ce, sur plusieurs embryons. En seulement 4 jours, les embryons ressemblaient déjà à des embryons de souris. Et après une semaine, l’embryon s’était séparé en deux parties bien distinctes : les débuts d’un placenta, et la souris réelle elle-même.
Est-ce la première fois qu’un embryon artificiel voit le jour ?
L’expérience menée par l’Université de Cambridge n’est pas la première du genre, mais elle est la première à aboutir au résultat espéré. Par le passé, d’autres équipes de chercheurs ont tenté de créer artificiellement un embryon, sans succès. Ces dernières impliquaient seulement des cellules souches embryonnaires (CES), c’est-à-dire les cellules souches qui forment la boule flottante appelée blastocyste qui enveloppe l’ovule une fois que celui-ci a été fécondé.
Le problème est que la vie ne se développe pas simplement à partir de cellules souches embryonnaires. Deux autres types de cellules souches (les cellules souches trophoblastiques extra-embryonnaires (TSC) et les cellules souches endodermiques primitifs) sont indispensables au développement de la vie. Créer la vie à partir de cellules souches est donc désormais possible et la prochaine étape consiste à retenter l’expérience avec des embryons humains. Toutefois, jouer ainsi avec la vie pose des questions d’éthique même si certains voient dans ces expériences l’occasion d’aider les couples ne pouvant avoir un enfant naturellement.
Par Justine Manchuelle, le
Source: Science Alert
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