A l’heure où, à New Delhi, une montagne de déchets se fait de plus en plus importante chaque jour (elle est presque aussi haute que le Taj Mahal), l’initiative de Mazin Mukhtar et de sa femme Parmita Sarma nous semble particulièrement salutaire. En effet, ces derniers ont fondé une école où les seuls frais de scolarité sont des déchets plastiques.
L’INDE, UN DES PAYS LES PLUS POLLUÉS AU MONDE
Industrialisation massive, pauvreté, forte croissance démographique… Tout ces éléments font de l’Inde un des pays les plus pollués au monde (il est 177 dans le classement “Indice performance environnementale », et sur les trente villes les plus polluées au monde, vingt-deux sont indiennes). Elle a donc un fort déficit écologique, notion que nous pouvons expliquer comme ce qui survient lorsque la population d’un territoire dépasse la biocapacité c’est-à-dire la capacité à produire une offre continue en ressources renouvelables et à absorber les déchets découlant de leur consommation.
La pollution de l’air, de l’eau et des sols y est quasiment persistante et on y trouve du plastique en très grand nombre. Le cas de la montagne de déchets à New Delhi est véritablement unique au monde : 2000 tonnes de déchets y sont versés chaque jour… Les déchets plastiques peuvent véritablement véhiculer des maladies mortelles, d’autant plus que certains les brûlent pour pouvoir se réchauffer, ce qui libère de véritables substances toxiques.
DE PETITES ACTIONS FACE À UN GROS PROBLÈME
Concernés par la situation environnementale catastrophique de leur pays, Mazin Mukhtar et sa femme Parmita Sama ont donc pris une initiative : fonder une école dont les frais de scolarité seraient… des déchets plastiques ! À l’origine, ils voulaient seulement créer une école gratuite et accessible à tous, et c’est en voyant l’étendue des dégâts causés par les déchets dans leur région qu’ils ont pris cette décision. Ainsi, pour pouvoir assister à la classe, les élèves doivent rapporter du plastique provenant de chez eux ou de zones polluées. Les parents se sont en outre engagés à ne plus brûler de plastique chez eux.
Parmita Sama nous révèle qu’elle se “souvient encore comment les classes se remplissaient de fumées toxiques chaque fois que quelqu’un dans le voisinage brûlait du plastique. Nous voulions sensibiliser nos élèves à l’environnement et nous avons pensé que la meilleure façon de le faire serait de collecter les déchets plastiques. Parce que tout le monde utilise du plastique à usage unique à la maison et les élèves apprendront les effets néfastes du plastique, s’ils commencent à travailler dessus« , a-t-elle déclaré à l’AFP. Il est vraiment important pour les enfants que ceux-ci soient sensibles aux enjeux écologiques actuels : il s’agit de leur avenir. En outre, faire en sorte qu’ils préservent leur environnement leur permettra d’étudier dans un cadre plus sain.
Les écoliers travaillent donc également à mi-temps dans les services de recyclage de l’école, ce qui les responsabilise véritablement. Ne pouvant bien sûr pas être rémunérés, ils reçoivent de la fausse monnaie qui pourra leur permettre ensuite d’acheter des friandises, du papier et des vêtements à l’école. « Nous utilisons le travail des enfants pour combattre le travail des enfants – les enfants qui souffrent de la pauvreté doivent gagner de l’argent pour rester à l’école, apprendre et s’enrichir« , a déclaré Mazin Mukhtar à Bored Panda. Les déchets collectés par les élèves ont de fait une seconde vie grâce à cette école : ils sont soit recyclés soit réutilisés pour être transformés en éco-briques qui, avec du ciment, deviennent un matériau de construction. Plusieurs objets et meubles ont déjà été réalisés grâce à ce matériau.
UNE ÉCOLE RÉVOLUTIONNAIRE POUR UN MODE D’ÉDUCATION ALTERNATIF
Cette initiative a de nombreux avantages : en plus de préserver l’environnement, elle permet de scolariser les enfants. En effet, la déscolarisation est toujours un problème dans ce pays pauvre où les enfants sont parfois obligés de travailler très jeunes afin de subvenir aux besoins de leur famille, d’autant plus que les familles n’ont pas forcément les moyens de payer les frais d’éducation. Avant la fondation de cette école, la plupart des enfants travaillaient dans des carrières de pierre.
Mais l’Akshar School propose également un mode d’éducation alternatif, avec des matières loin d’être communes puisque son éducation se base sur le respect de l’environnement. Par exemple, elle apprend aux élèves les rudiments du jardinage, de l’irrigation ou encore de la menuiserie. Cette lutte pour l’environnement ne s’arrête pas au ramassage des déchets ; en effet, l’école Akshar dispose également d’un refuge pour animaux. Il faut savoir que le nombre d’animaux errants en Inde est assez impressionnant. Les élèves aident donc les animaux en les soignant, en les nourrissant et en essayant de leur trouver une famille. Cet école marche également sur un principe de solidarité puisque les élèves les plus âgés peuvent donner des cours aux plus jeunes et être “rémunérés” pour cela.
Ce type d’école a de plus en plus de succès. Alors que l’école comptait initialement 20 élèves, elle en recense aujourd’hui 110, et le couple espère ouvrir d’autres écoles similaires à travers le pays. Cela pourrait permettre un changement à grande échelle, concernant le traitement des déchets.
Par Jeanne Gosselin, le
Source: Citizen Post
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