Tout comme les espèces terrestres, les espèces aquatiques ont également besoin d’oxygène pour assurer leur survie. Malheureusement, il a été constaté au cours des dernières années que les masses d’eau du monde sont en train de s’asphyxier et l’impact de ce phénomène sur les écosystèmes marins pourrait être catastrophique.
Pourquoi l’eau de la Terre s’asphyxie ?
En premier lieu, il faut savoir que la désoxygénation aquatique est la réduction de la teneur en oxygène dans différentes parties des océans, des mers, des lacs, des rivières et d’autres masses d’eau en raison des activités humaines. Les experts ont estimé qu’à l’échelle mondiale, les océans ont perdu environ 2 % de leur oxygène depuis les années 1960 et devraient encore en perdre entre 1 et 7 % d’ici 2100. Au niveau des lacs et des réservoirs d’eau douce, le problème est encore plus grave puisque la diminution de la concentration d’oxygène dissous est estimée à respectivement 5,5 % et 18,6 % depuis les années 1980.
Quant à savoir la cause de la désoxygénation aquatique, c’est tout simplement lié au réchauffement climatique. En effet, la perte d’oxygène dissous dans les masses d’eau est principalement due au réchauffement des océans, car l’eau plus chaude peut contenir moins d’oxygène. Le réchauffement contribue également à une stratification accrue de l’eau, ce qui signifie que les couches océaniques sont moins bien mélangées. Cela réduit les échanges d’oxygène entre l’océan et l’atmosphère, ce qui entraîne une réduction des niveaux d’oxygène.
Par ailleurs, le réchauffement des eaux favorise également la prolifération d’algues toxiques et des phénomènes comme l’eutrophisation : l’enrichissement excessif des eaux par des nutriments tels que les nitrates et les phosphates. Cela joue également un rôle dans la désoxygénation des océans, principalement dans les eaux côtières. Bien évidemment, la perte d’oxygène dans les océans n’est pas sans conséquence, notamment pour les différents écosystèmes aquatiques. Ce phénomène affecte la biodiversité aquatique de plusieurs manières, notamment en entraînant une mort généralisée de certaines espèces, et en perturbant radicalement le mode de vie d’autres espèces.
Un problème qu’il faudrait ajouter à la liste des limites planétaires
Récemment, des chercheurs de l’Institut polytechnique Rensselaer ont tiré la sonnette d’alarme sur ce problème en particulier. Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution, les scientifiques ont souligné la nécessité d’ajouter la désoxygénation aquatique à la liste des points de basculement dans le système climatique afin que des mesures soient prises pour mieux comprendre et freiner ce problème. Cela ferait de ce phénomène le 10e seuil à ne pas dépasser dans la liste des limites planétaires. Notons que six des neuf limites officiellement reconnues ont déjà été franchies ; et les chercheurs ont précisé que la désoxygénation aquatique est déjà au bord son seuil critique.
De plus, ce phénomène risque également d’affecter d’autres limites planétaires. « L’oxygène dissous régule le rôle de l’eau de mer et de l’eau douce dans la modulation du climat de la Terre », a expliqué le professeur Kevin Rose, auteur principal de l’étude. « L’amélioration des concentrations d’oxygène dissous dépend de la lutte contre les causes profondes, notamment le réchauffement climatique et l’érosion du sol. L’échec à lutter contre la désoxygénation aquatique affectera à terme non seulement les écosystèmes, mais aussi l’activité économique et la société à l’échelle mondiale », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, la découverte d’oxygène sombre au fond de l’océan intrigue les scientifiques.